lundi 27 décembre 2010

Bénin-politique

Jean-Marie EHOUZOU averti


La situation née de la dernière élection présidentielle en Côte d’Ivoire est pédagogique et mérite qu’on en tire de précieux enseignements. Au-delà desdits enseignements, il importe d’attirer l’attention de certaines personnalités publiques en poste au Bénin sur ce qu’il convient de faire pour ne pas se retrouver dans la situation déconcertante que vit actuellement le régime de Laurent Gbagbo. En réalité, Laurent Gbagbo n’a rien inventé en s’accrochant au pouvoir à la suite du cuisant échec qu’il a connu à la dernière élection présidentielle organisée dans son pays. En Afrique, les exemples ne manquent pas pour prendre la défense de Gbagbo. Il y en a de très emblématiques qu’on peut même enseigner dans des facultés de droit même si ceci n’a rien d’éducatif. Le plus proche de nous est là avec le fils qui a pris le fauteuil du père sans jamais pouvoir négocier victorieusement la moindre élection transparente. Plus loin, c’est un vieillard qui, au soir de sa vie, a choisi de laisser un héritage minable en s’imposant à la tête de son pays à la suite d’une présidentielle qu’il n’a jamais gagnée au premier tour. Le plus scandaleux est le cas de l’autre fils du père qui a été imposé président de la République alors qu’il était arrivé troisième à la suite du seul tour de la présidentielle. Lorsqu’on a vu toutes ces réalités sur le continent noir des absurdités et qu’on s’appelle Laurent Gbagbo, grand producteurs d’autres absurdités, on peut être tenté de récidiver. Erreur !
Le conseiller diplomatique de Laurent Gbagbo a manqué de compétence pour éclairer son président. En effet, aussi fréquentes que sont les absurdités sur le continent noir, il n’est pas donné à tout le monde d’en être auteur et à tout moment. Tout le monde n’a pas le droit de faire ce qu’il veut et à n’importe quel moment. C’est cela l’erreur qu’a commise le régime Gbagbo. L’indulgence de ce qu’on appelle pompeusement « communauté internationale » a des limites infranchissables. Et ne pas comprendre cette réalité basique qui gouverne le monde dans lequel nous vivons est une hérésie. Gbagbo a déjà consommé tout son crédit de caprices au sens de ceux qui gouvernent le monde. Ainsi, devrait-il comprendre que la seule façon qu’il avait de conserver le pouvoir était de gagner proprement l’élection présidentielle en toute transparence. Gagner la présidentielle au conseil constitutionnel est un caprice de trop pour le régime Gbagbo et son conseiller diplomatique devrait le savoir et en convaincre son foutu président. Ce qu’il a peut-être fait sans être écouté. Peut-être qu’il ne l’a pas du tout fait. Dans tous les cas, Gbagbo ne chavirera pas seul.
Le ministre Jean-Marie Ehouzou est un membre de gouvernement à part entière, un professionnel avéré. Il n’est pas ministre d’un gouvernement d’union nationale imposé. Il est le ministre de Boni Yayi choisi par lui. Ainsi, la responsabilité lui revient de procéder aux sondages indiqués en de pareilles circonstances afin d’éclairer Boni Yayi dans les choix qu’il opèrerait désormais dans la marche du Bénin vers les prochaines échéances électorales. Car, les enjeux sont énormes à l’échelle du Bénin et aucun camp ne sera prêt à faire des concessions exagérées à un autre. Dans ces conditions, il faut savoir raison gardée chaque fois qu’on veut prendre une option en marge de la norme républicaine. Même lorsque les intentions sont nobles et la « légalité in vitro » garantie, il faut être prudent. Le cas ivoirien nous enseigne que même une institution constitutionnelle dont les décisions sont sans recours peut être banalisée et ridiculisée. Il suffit que ses membres sacrifient leur crédibilité en voulant servir exagérément un régime et toutes les dérives sont possibles. Tout dépend du bon vouloir de la communauté internationale qui appréciera si celui qui veut en tirer meilleur partie a déjà épuisé ou non tout son crédit de caprice. Jean-Marie Ehouzou est averti et doit se mettre au travail.
A R T

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