mercredi 22 décembre 2010

Choix bien inspiré pour la présidentielle de 2011

Tévoédjrè après son apogée


Le professeur Albert Tévoédjrè, comme toute célébrité, doit répondre au principe de vie qui consiste à naître, à grandir, à connaître son apogée et à disparaître. Ceci est fatalement un principe auquel tout ce qui existe obéit sans avoir toujours la force d’orienter dans un sens ou dans l’autre ce qui lui arrive.
Il y a quelques mois, nous publiions dans un éditorial dans le quotidien « L’Informateur » le commentaire dont la teneur suit :
« Albert et Adrien, la guerre… !
Ils auraient pu faire un bon couple dans l’univers politique béninois né de la Conférence nationale des forces vives de février 1990. Ils auraient pu influencer autrement le comportement de la classe politique béninoise et être « bien en cour » lorsqu’ils ne sont pas eux-mêmes souverains. Mais hélas !
Le premier avait de fortes chances de se faire roi en 1991, mais ne le sera jamais, car le soutien du second lui a manqué. Et cet épisode qui laisse libre cours aux spéculations de toute nature sera le déclencheur d’une guerre à issue incertaine entre les deux hommes. Nous ne prenons pas ici le rôle du spéculateur, mais de l’analyste bien averti. Cette guerre entre Albert et Adrien connaîtra heureusement pour certains, malheureusement pour d’autres, une étape importante et pédagogique à l’occasion de l’élection présidentielle de mars 1996. Le premier, engagé à l’origine d’une mouvance politique électoraliste kamikaze, a eu besoin du second et il y est arrivé à distance. Stratégie qui obligea le second à lancer publiquement ce que l’histoire politique du Bénin reconnaît à travers la phrase mythique : « Albert wa », prononcée à l’occasion d’un meeting à Porto-Novo. Une phrase qui a fait son effet sur les électeurs, reconnaissent certains fins stratèges politiques. Ainsi, les deux hommes, l’espace de quelques semaines, ont réussi à faire l’armistice. Mais juste le temps d’un éclair. Car, dès que le souverain qu’ils ont voulu s’est installé, leurs instincts guerriers se sont réveillés hélas, trois fois hélas ! A l’occasion, si le premier, parfois très élégant dans sa démarche, a pu réussir à en tirer profit, le second a connu tout simplement deux années de chemin de croix, même si autour de lui d’autres en ont profité remarquablement.
La guerre entre Albert et Adrien a pour fondement essentiel le fait que le premier souffre dans sa chaire et croit fermement que c’est le second qui lui a barré la route de la Marina. Et les résultats du premier tour de la présidentielle de 1991 sont favorables à cette thèse. Donc pour le premier, il aurait fallu pour le second de mettre ses ambitions entre parenthèse, le temps de laisser le « fofo » passer, histoire pour celui-ci d’aménager le boulevard pour son « jeune frère hagbè ». La politique n’est pas une science exacte, mais le « fofo » y croyait fermement à l’époque au point d’en être malade quelques fois. Ainsi, aujourd’hui, fidèle à sa logique, le premier, soutien dur comme fer que le second, pour lui avoir barré la route, ne connaîtra pas, de son vivant, les délices de la souverainement républicaine au niveau suprême.
Nous voici en 2010, à la veille de l’échéance politique capitale de 2011. Le second, comme en 1991, 1996, 2001 et 2006, s’apprête à négocier le péage pour accéder à la route menant vers la Marina. Quelle ambition ! En tout cas, il est endurant, téméraire et prêt à rivaliser avec « Charles le téméraire ». Aujourd’hui, malgré sa grosse machine à double tranchant, le second, toujours en guerre contre le premier, a forcément du plomb dans l’aille. Car, il ressentira encore une fois et aujourd’hui mieux que par le passé, les effets de cette guerre sans merci. A moins que la grosse machine du second arrive, nous en doutons, à broyer celle que le premier va forcément mettre en branle les mois à venir si ce n’est déjà une réalité. A moins que le second arrive à faire preuve d’humilité au point d’obtenir un « cessez-le-feu », dans le meilleur des cas sans soutien, de la part du premier dont la capacité de nuisance est unanimement reconnue. ».
Dans le commentaire ci-dessus, nous avions quasiment prédit qu’il serait inconcevable que le professeur Albert Tévoédjrè appelle à soutenir Me Adrien Houngbédji à la présidentielle de mars 2011. Présidentielle pour laquelle la quasi-totalité de la « vieille classe politique béninoise » a opté pour un candidat unique, Adrien Houngbédji.
Plutôt un choix objectif et intéressé
Ainsi, le samedi 18 décembre 2010, le parti politique que le professeur Tévoédjrè a créé et qu’il ne préside plus du fait de ses actuelles responsabilités de médiateur, a choisi, à l’occasion de son dernier congrès, de soutenir l’actuel président de la République, Boni Yayi à la présidentielle prochaine. Si nous nous situons dans la logique du commentaire sus mentionné, ce choix laisse indifférent. Mais nombre de Béninois reconnaît au professeur Albert Tévoédjrè des qualités de visionnaire qui a toujours fait de bonnes anticipations dans le choix du cheval gagnant dans le cadre des présidentielles successives organisées au Bénin depuis 1991. Sauf le cas où lui-même était candidat et qu’il n’a pu participer au second tour en appelant ses électeurs au libre choix. Aujourd’hui, si nos prémices sont justes, c’est que le professeur n’a pas fait un choix en tenant compte du cheval gagnant. Mais tout simplement en mettant dans la balance ses sentiments propres et ceux de quelques uns de ses fidèles collaborateurs. En effet, autour de lui, il y a des candidats à d’importants postes de responsabilité dont seul Boni Yayi a la clé jusqu’à nouvel ordre. Alors, si leurs vœux étaient exaucés, ils ne perdraient rien en soutenant Boni Yayi qui a déjà donné au professeur un mandat que respectera le futur président de la République même s’il ne s’appelait pas Boni Yayi. Encore que même pour les autres postes que lorgnent les amis du professeur, il s’agit de mandat d’au moins cinq.
Dans ces conditions, il serait abusif de croire qu’en 2010, Tévoédjrè a fait valoir ses qualités de visionnaire. Non, il a fatalement agit en homme raisonnable sachant où se trouvent ses intérêts immédiats. Encore que le professeur n’a pas eu, comme par le passé, à se prononcer directement. Il fait l’option de rester sous la couverture de son parti qui était pourtant là en 1996 et 2005 quand il prenait personnellement de position. Pardon, il est aujourd’hui médiateur devant se mettre au dessus de la mêlée. Soit, mais il sait que nous savons, après l’apogée on s’efface pour ne pas être effacer. C’est l’essentiel.
Aubin R. Towanou


Suite à la présidentielle en Côte d’Ivoire 
 
L’appel à la grève générale du camp Ouattara peu suivi à Abidjan, beaucoup plus dans
le Nord
Photo d'archives d'Abidjan, le 06 décembre 2010. Photographie d"archives
 
Les Ivoiriens étaient appelés à la grève générale ce lundi 27 décembre 2010 par le camp d'Alassane Ouattara. Le RHDP, la coalition de partis soutenant le président reconnu par la communauté internationale, a appelé à « cesser les activités jusqu'au départ du pouvoir de Laurent Gbagbo ». Un appel à la grève diversement suivi selon les régions du pays.
Vu du Plateau, le quartier administratif et des affaires, c’est un lundi comme un autre avec ses embouteillages, ses commerces ouverts et ses
employés se rendant sur leur lieu de travail.
Comme l’appel à la désobéissance civile lancé la semaine dernière par Guillaume Soro, l’appel à la grève générale lancé dimanche soir par le RHDP ne semble donc pas avoir été vraiment entendu par la population. Il faut dire que les Abidjanais, quelles que soient leurs opinions politiques, ont des priorités économiques.
 
Notre dossier spécial
Présidentielle en Côte d'Ivoire

En fait, la seule commune qui a échappé à cette normalité, c’est Abobo, un bastion des partisans d’Alassane Ouattara. D’après des habitants sur place, à l’aube les gens ont quitté leur domicile pour aller travailler mais en fin de matinée des jeunes pro-Ouattara ont tenté de bloquer la circulation des Gbaka, les taxis collectifs. Cela a entraîné une intervention des forces de défense et de sécurité (FDS) qui ont tiré des gaz lacrymogènes pour disperser la foule. En dehors de cet incident, Abidjan travaille donc normalement.

En revanche à Bouaké et Korhogo, deux fiefs des forces nouvelles, le mot d’ordre de grève a été d’avantage suivi puisque ce lundi matin les portes des administrations étaient closes et les commerces majoritairement fermés.
 
La troïka africaine attendue mardi à Abidjan


Cet appel à la grève générale intervient à la veille de la visite de la délégation des pays d'Afrique de l'Ouest, attendue à Abidjan mardi. Lors de son sommet extraordinaire à Abuja au Nigeria, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) avait souhaité qu'il n'y ait aucun compromis à l'égard de Laurent Gbagbo. C’est le message que viendront porter en Côte d’Ivoire les trois chefs d'Etats, les présidents béninois, cap-verdien et sierra-léonnais.

Cette troïka africaine parlera au nom de tous les pays membres de la CEDEAO. Elle redira au président sortant qu'une intervention militaire n'est pas exclue s'il refuse toujours d'abandonner le pouvoir au profit d'Alassane Ouattara, le vainqueur désigné de la dernière présidentielle. Si les Cap-Verdiens refusent de communiquer autour de cette initiative, c'est pour laisser toutes ses chances à cette mission de médiation, comme nous l'a expliqué José Brito, le ministre des Affaires Etrangères du Cap-Vert. « Moins on parle avant, dit-il, et plus on a de chances d'être entendus, ajoutant que la mission qui s'annonce est difficile et qu'il n'est pas utile de la compliquer par des déclarations qui pourraient être mal interprétées.

Quant au ministre béninois des Affaires Etrangères, Jean-Marie Ehouzou, il explique que « cette médiation représente un geste de bonne volonté de la part de la CEDEAO qui veut trouver une issue pacifique à ce problème », répétant cependant à plusieurs reprises que la mission est extrêmement difficile. Même état d'esprit en Sierra Leone où le ministre de l'Information explique que le Chef de l'Etat se rend à Abidjan afin de convaincre Laurent Gbagbo d'abandonner le pouvoir.

Trois présidents qui parleront donc d'une seule voix au nom de toute l'Afrique de l'Ouest et qui devront ensuite rendre compte de leur mission. En cas de refus, le recours à la force sera alors fermement envisagé et des poursuites internationales seront engagées.

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