Les ambitions limitées de Boni Yayi…
Boni Yayi, président de la République du Bénin
A l’issue de la rencontre organisée par le gouvernement pour évaluer le chemin parcouru au bout des cinq ans de gouvernance de Boni Yayi à la tête de la République du Bénin, c’est sur une note de satisfecit que les participants se sont séparés. Ils s’accordent en effet sur le chiffre d’environ 90% de taux de réalisation du programme d’action réaménagé du candidat qu’a été Boni Yayi en 2006. Pour d'autres, il faut limiter ce chiffre à 85%. Les Béninois devraient s’en réjouir puisque c’est la première fois qu’un régime a osé se faire un tel sentiment de satisfaction à l’issue d’un singulier mandat de cinq ans. Cet optimisme exprime la réalité selon laquelle ceux qui gouvernent actuellement le Bénin sont si bien informés des réalités béninoises avant leur prise du pourvoir et une fois installés, sont si inspirés qu’ils n’ont pris que les bonnes options. Toute chose qui leur a permis d’atteindre leurs objectifs à un niveau tel que même les gouvernements des pays à ressources illimitées et connues d’avance ont de précieuses choses à venir apprendre au Bénin du changement.
90% de taux de réalisation d’un programme d’action, c’est quasiment 100% à l’échelle des hommes modestes. Loin de nous l’intention de douter de la modestie des princes qui gouvernent le Bénin aujourd’hui. Seulement voilà ! En tant que Béninois vivant au Bénin, sans recourir au rapport de la conférence qui a abouti au constat des 90% de taux d’exécution, nous nous permettons de faire quelques observations pouvant conduire à un jugement de valeur. En effet, lorsque le gouvernement du Bénin affirme qu’il a exécuté à 90% le programme d’action du régime, nous avons la faiblesse d’avoir le sentiment que le régime n’est pas ambitieux pour le Bénin. Autrement dit, si tout ce qu’il y a de catastrophique aujourd’hui, si tout ce qu’il y a d’incompréhensible aujourd’hui ne relèvent que de 10% d’inaction, alors, au départ, le régime n’avait aucune ambition pour le Bénin. Imaginez que dans un pays où, pendant cinq ans, le gouvernement s’est évertué à mettre en œuvre 90% de son programme d’action, il ne soit pas possible de prendre le moindre axe routier sans endommager l’état de la voiture empruntée. Pour être précis, depuis plusieurs années déjà, au cours du quinquennat, il n’est pas possible de traverser le Bénin de Cotonou, le littoral, jusqu’à Malanville, la ville la plus septentrionale, sur une route parfaitement carrossable. Sur ce tronçon, entre Cotonou et Bohicon, c’est un calvaire. De Bohicon à Parakou, passant pas Dassa-Zoumé, la route était acceptable jusqu’à un passé récent. De Parakou à Kandi, il n’y a quasiment pas de voie. C’est seulement de Kandi à Malanville qu’on peut se sentir être dans un pays gouverné. Pourtant, c’est cet axe routier que les camions empruntent pour transporter des marchandises en provenance du Port de Cotonou vers les pays de l’hinterland sans littoral. Et lorsqu’on sait, (chiffres du ministère des finances) que cet axe permet au budget national d’engranger près de 50% des ressources mobilisables au plan interne, peut on affirmer que les dirigeants actuels sont ambitieux lorsqu’ils arguent qu’ils ont exécuté leur programme d’action à raison de 90% ? Il s’agit d’une interrogation objective. Car, cet axe n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Les axes Cotonou-Ilakodji, Ouidah-Lokossa, Dassa-Savalou-Bassila, etc. sont tout autant dans un état peu recommandable. Nous avons du mal à croire que tous ces dégâts là ne relèvent que de 10%, d’inaction. Et lorsque dans une telle situation, on affirme que le régime actuel a effectué 400 kilomètres de routes en cinq ans, soit le tiers de tout ce qui est fait depuis 1960, nous avons l’impression que non seulement le régime actuel n’est pas ambitieux mais il a tendance à prendre ses mandants comme des stupides. Il n’est pas tard pour bien faire. Revenir sur des propos tenus tambour battant est un exercice favori du régime au cours des cinq dernières années. Peut être que les réactions que ce bilan suscite ramèneront ses auteurs à la raison.
A R T
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