Les politiques béninois jouent avec le destin des Béninois
Boni Yayi, président de la République du Bénin Les hommes politiques béninois se sont engouffrés dans des calculs politiciens un peu trop égoïstes. Ils ont choisi de mettre, et sans retenu, l’intérêt de la nation de côté pour défendre leurs positions, leurs avantages immédiats de sorte de ne craindre, ce qui est une première dans l’histoire de la démocratie béninoise, le pire pour l’ensemble de la communauté nationale. Sinon, comment comprendre l’immobilisme ambiant actuel sur le chemin du processus devant conduire à l’organisation, à bonne date, des élections présidentielle et législatives de mars 2011, une contrainte constitutionnelle par surcroit.
L’article 68 de la Constitution béninoise du 11 décembre 1990 dispose : « Lorsque les institutions de la République , l’indépendance de la Nation , l’intégrité du territoire national ou l’exécution des engagements internationaux sont menacées de manière grave et immédiate et que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics et constitutionnels est menacé ou interrompu, le Président de la République , après consultation du Président de l’Assemblée Nationale et du Président de la Cour Constitutionnelle prend en conseil des Ministres les mesures exceptionnelles exigées par les circonstances sans que les droits des citoyens garantis par la Constitution ne soient suspendus.
Il en informe la Nation par un message.
L’Assemblée Nationale se réunit de plein droit en session extraordinaire »
Si nous nous situons dans le cadre républicain, et que la gouvernance au sommet de l’Etat béninois était lucide et conséquente, le président de la République aurait recouru déjà à cette disposition de la Constitution afin de mettre en vigueur les lois électorales et lancer résolument le processus électoral attendu par les Béninois comme étant un rendez-vous constitutionnel incompressible. Une démarche qui serait même conforme à l’engagement que le président Boni Yayi a été contraint de prendre à New York en présence du secrétaire général des Nations unies il y a quelques semaines. On pourrait relever dans notre logique une insuffisance. Celle qui consiste à résoudre la question de l’ « immédiateté » bien inscrite dans le texte de la disposition constitutionnelle évoquée plus haut. Bien sûr que nous n’avons pas perdu de vue cette réalité. Mais nous sommes au Bénin et nous savons qu’il y a plus de deux ans, le président de la République a pris une ordonnance pour s’autoriser à ratifier un accord de prêt relatif au financement du projet de construction d’épis pour arrêter l’avancée de la mer. Seulement voilà, depuis deux ans, que cette ordonnance a été prise, rien ne laisse présager du démarrage des travaux avant le terme de son mandat en cours. Nous avons dont de bonnes raisons d’indiquer que l’immédiateté dans le cadre de l’organisation des prochaines élections qui devraient se tenir constitutionnellement en mars prochain est une réalité face à un hypothétique projet de construction d’épis. Ainsi, pourrait-on assimiler le silence du chef de l’Etat à une volonté de laisser pourrir la situation actuelle parce que ne voulant pas lui-même de la tenue des élections. Car, même à ceux qui brandiront la volonté du chef de l’Etat de laisser chaque institution jouer son rôle, on peut répondre que non. Puisque, depuis quelques mois au Bénin, il n’est plus possible pour le Parlement de légiférer librement en votant de lois qui ne répondent pas aux aspirations du même président Boni Yayi. La preuve est là que toutes les dispositions législatives votées au Parlement sans son accord sont systématiquement déclarées contraires à la Constitution par la Cour constitutionnelle au sein de laquelle il dispose d’une majorité absolue et à 100%. Il y a en effet désigné la quasi-totalité des membres. Puisque c’est uniquement ce qu’il veut qui peut figurer désormais dans les lois électorales, il est plus productif pour le Bénin, en terme d’énergie, de ressources humaines et de temps, qu’il prenne autant d’ordonnances qu’il veut pour mettre en vigueur les lois électorales taillées à sa mesure pour mettre enfin en route le processus électoral. Depuis quelques mois, les aveugles voient, les sourds entendent et les muets prononcent des mots pour comprendre que l’Etat Yayi est résolument quasiment installé sur la terre des Béhanzin, Bio Guéra etc. Seulement, voilà qu’en démocratie, les Etats du genre ne font pas réélire un président à l’occasion d’une élection transparente et équitable. Les présidents sénégalais Abdoulaye Wade, togolais Faure Gnasingbé, gabonais Ali Bongo, ivoirien Laurent Gbagbo en savent beaucoup. Mathieu Kérékou, en homme averti, en savait beaucoup et a pu tirer royalement son épingle du jeu malgré ses courtisans zélés.
Il serait irresponsable de notre part de rendre strictement Boni Yayi responsable de tout ce qui se joue de cynique et dangereux sur la tête des Béninois. Seulement voilà, avec toute la bonne volonté de l’analyste que nous sommes, bien qu’il y a des actes politiques d’une certaine gravité à mettre à l’actif de l’opposition béninoise, il est une réalité que le régime politique instauré par la Constitution du 11 décembre 1990 est présidentiel avec un président de la République très fort. Un président qui peut gouverner en contournant le Parlement. L’essentiel est qu’il soit clairvoyant de manière à conduire la barque au bon port tout en respectant les grands principes démocratiques, notamment ceux contenus dans la loi fondamentale afin d’éviter les contestations majeures pouvant conduire au chaos.
A R T
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