lundi 27 décembre 2010

Bénin-politique

Jean-Marie EHOUZOU averti


La situation née de la dernière élection présidentielle en Côte d’Ivoire est pédagogique et mérite qu’on en tire de précieux enseignements. Au-delà desdits enseignements, il importe d’attirer l’attention de certaines personnalités publiques en poste au Bénin sur ce qu’il convient de faire pour ne pas se retrouver dans la situation déconcertante que vit actuellement le régime de Laurent Gbagbo. En réalité, Laurent Gbagbo n’a rien inventé en s’accrochant au pouvoir à la suite du cuisant échec qu’il a connu à la dernière élection présidentielle organisée dans son pays. En Afrique, les exemples ne manquent pas pour prendre la défense de Gbagbo. Il y en a de très emblématiques qu’on peut même enseigner dans des facultés de droit même si ceci n’a rien d’éducatif. Le plus proche de nous est là avec le fils qui a pris le fauteuil du père sans jamais pouvoir négocier victorieusement la moindre élection transparente. Plus loin, c’est un vieillard qui, au soir de sa vie, a choisi de laisser un héritage minable en s’imposant à la tête de son pays à la suite d’une présidentielle qu’il n’a jamais gagnée au premier tour. Le plus scandaleux est le cas de l’autre fils du père qui a été imposé président de la République alors qu’il était arrivé troisième à la suite du seul tour de la présidentielle. Lorsqu’on a vu toutes ces réalités sur le continent noir des absurdités et qu’on s’appelle Laurent Gbagbo, grand producteurs d’autres absurdités, on peut être tenté de récidiver. Erreur !
Le conseiller diplomatique de Laurent Gbagbo a manqué de compétence pour éclairer son président. En effet, aussi fréquentes que sont les absurdités sur le continent noir, il n’est pas donné à tout le monde d’en être auteur et à tout moment. Tout le monde n’a pas le droit de faire ce qu’il veut et à n’importe quel moment. C’est cela l’erreur qu’a commise le régime Gbagbo. L’indulgence de ce qu’on appelle pompeusement « communauté internationale » a des limites infranchissables. Et ne pas comprendre cette réalité basique qui gouverne le monde dans lequel nous vivons est une hérésie. Gbagbo a déjà consommé tout son crédit de caprices au sens de ceux qui gouvernent le monde. Ainsi, devrait-il comprendre que la seule façon qu’il avait de conserver le pouvoir était de gagner proprement l’élection présidentielle en toute transparence. Gagner la présidentielle au conseil constitutionnel est un caprice de trop pour le régime Gbagbo et son conseiller diplomatique devrait le savoir et en convaincre son foutu président. Ce qu’il a peut-être fait sans être écouté. Peut-être qu’il ne l’a pas du tout fait. Dans tous les cas, Gbagbo ne chavirera pas seul.
Le ministre Jean-Marie Ehouzou est un membre de gouvernement à part entière, un professionnel avéré. Il n’est pas ministre d’un gouvernement d’union nationale imposé. Il est le ministre de Boni Yayi choisi par lui. Ainsi, la responsabilité lui revient de procéder aux sondages indiqués en de pareilles circonstances afin d’éclairer Boni Yayi dans les choix qu’il opèrerait désormais dans la marche du Bénin vers les prochaines échéances électorales. Car, les enjeux sont énormes à l’échelle du Bénin et aucun camp ne sera prêt à faire des concessions exagérées à un autre. Dans ces conditions, il faut savoir raison gardée chaque fois qu’on veut prendre une option en marge de la norme républicaine. Même lorsque les intentions sont nobles et la « légalité in vitro » garantie, il faut être prudent. Le cas ivoirien nous enseigne que même une institution constitutionnelle dont les décisions sont sans recours peut être banalisée et ridiculisée. Il suffit que ses membres sacrifient leur crédibilité en voulant servir exagérément un régime et toutes les dérives sont possibles. Tout dépend du bon vouloir de la communauté internationale qui appréciera si celui qui veut en tirer meilleur partie a déjà épuisé ou non tout son crédit de caprice. Jean-Marie Ehouzou est averti et doit se mettre au travail.
A R T

mercredi 22 décembre 2010

Choix bien inspiré pour la présidentielle de 2011

Tévoédjrè après son apogée


Le professeur Albert Tévoédjrè, comme toute célébrité, doit répondre au principe de vie qui consiste à naître, à grandir, à connaître son apogée et à disparaître. Ceci est fatalement un principe auquel tout ce qui existe obéit sans avoir toujours la force d’orienter dans un sens ou dans l’autre ce qui lui arrive.
Il y a quelques mois, nous publiions dans un éditorial dans le quotidien « L’Informateur » le commentaire dont la teneur suit :
« Albert et Adrien, la guerre… !
Ils auraient pu faire un bon couple dans l’univers politique béninois né de la Conférence nationale des forces vives de février 1990. Ils auraient pu influencer autrement le comportement de la classe politique béninoise et être « bien en cour » lorsqu’ils ne sont pas eux-mêmes souverains. Mais hélas !
Le premier avait de fortes chances de se faire roi en 1991, mais ne le sera jamais, car le soutien du second lui a manqué. Et cet épisode qui laisse libre cours aux spéculations de toute nature sera le déclencheur d’une guerre à issue incertaine entre les deux hommes. Nous ne prenons pas ici le rôle du spéculateur, mais de l’analyste bien averti. Cette guerre entre Albert et Adrien connaîtra heureusement pour certains, malheureusement pour d’autres, une étape importante et pédagogique à l’occasion de l’élection présidentielle de mars 1996. Le premier, engagé à l’origine d’une mouvance politique électoraliste kamikaze, a eu besoin du second et il y est arrivé à distance. Stratégie qui obligea le second à lancer publiquement ce que l’histoire politique du Bénin reconnaît à travers la phrase mythique : « Albert wa », prononcée à l’occasion d’un meeting à Porto-Novo. Une phrase qui a fait son effet sur les électeurs, reconnaissent certains fins stratèges politiques. Ainsi, les deux hommes, l’espace de quelques semaines, ont réussi à faire l’armistice. Mais juste le temps d’un éclair. Car, dès que le souverain qu’ils ont voulu s’est installé, leurs instincts guerriers se sont réveillés hélas, trois fois hélas ! A l’occasion, si le premier, parfois très élégant dans sa démarche, a pu réussir à en tirer profit, le second a connu tout simplement deux années de chemin de croix, même si autour de lui d’autres en ont profité remarquablement.
La guerre entre Albert et Adrien a pour fondement essentiel le fait que le premier souffre dans sa chaire et croit fermement que c’est le second qui lui a barré la route de la Marina. Et les résultats du premier tour de la présidentielle de 1991 sont favorables à cette thèse. Donc pour le premier, il aurait fallu pour le second de mettre ses ambitions entre parenthèse, le temps de laisser le « fofo » passer, histoire pour celui-ci d’aménager le boulevard pour son « jeune frère hagbè ». La politique n’est pas une science exacte, mais le « fofo » y croyait fermement à l’époque au point d’en être malade quelques fois. Ainsi, aujourd’hui, fidèle à sa logique, le premier, soutien dur comme fer que le second, pour lui avoir barré la route, ne connaîtra pas, de son vivant, les délices de la souverainement républicaine au niveau suprême.
Nous voici en 2010, à la veille de l’échéance politique capitale de 2011. Le second, comme en 1991, 1996, 2001 et 2006, s’apprête à négocier le péage pour accéder à la route menant vers la Marina. Quelle ambition ! En tout cas, il est endurant, téméraire et prêt à rivaliser avec « Charles le téméraire ». Aujourd’hui, malgré sa grosse machine à double tranchant, le second, toujours en guerre contre le premier, a forcément du plomb dans l’aille. Car, il ressentira encore une fois et aujourd’hui mieux que par le passé, les effets de cette guerre sans merci. A moins que la grosse machine du second arrive, nous en doutons, à broyer celle que le premier va forcément mettre en branle les mois à venir si ce n’est déjà une réalité. A moins que le second arrive à faire preuve d’humilité au point d’obtenir un « cessez-le-feu », dans le meilleur des cas sans soutien, de la part du premier dont la capacité de nuisance est unanimement reconnue. ».
Dans le commentaire ci-dessus, nous avions quasiment prédit qu’il serait inconcevable que le professeur Albert Tévoédjrè appelle à soutenir Me Adrien Houngbédji à la présidentielle de mars 2011. Présidentielle pour laquelle la quasi-totalité de la « vieille classe politique béninoise » a opté pour un candidat unique, Adrien Houngbédji.
Plutôt un choix objectif et intéressé
Ainsi, le samedi 18 décembre 2010, le parti politique que le professeur Tévoédjrè a créé et qu’il ne préside plus du fait de ses actuelles responsabilités de médiateur, a choisi, à l’occasion de son dernier congrès, de soutenir l’actuel président de la République, Boni Yayi à la présidentielle prochaine. Si nous nous situons dans la logique du commentaire sus mentionné, ce choix laisse indifférent. Mais nombre de Béninois reconnaît au professeur Albert Tévoédjrè des qualités de visionnaire qui a toujours fait de bonnes anticipations dans le choix du cheval gagnant dans le cadre des présidentielles successives organisées au Bénin depuis 1991. Sauf le cas où lui-même était candidat et qu’il n’a pu participer au second tour en appelant ses électeurs au libre choix. Aujourd’hui, si nos prémices sont justes, c’est que le professeur n’a pas fait un choix en tenant compte du cheval gagnant. Mais tout simplement en mettant dans la balance ses sentiments propres et ceux de quelques uns de ses fidèles collaborateurs. En effet, autour de lui, il y a des candidats à d’importants postes de responsabilité dont seul Boni Yayi a la clé jusqu’à nouvel ordre. Alors, si leurs vœux étaient exaucés, ils ne perdraient rien en soutenant Boni Yayi qui a déjà donné au professeur un mandat que respectera le futur président de la République même s’il ne s’appelait pas Boni Yayi. Encore que même pour les autres postes que lorgnent les amis du professeur, il s’agit de mandat d’au moins cinq.
Dans ces conditions, il serait abusif de croire qu’en 2010, Tévoédjrè a fait valoir ses qualités de visionnaire. Non, il a fatalement agit en homme raisonnable sachant où se trouvent ses intérêts immédiats. Encore que le professeur n’a pas eu, comme par le passé, à se prononcer directement. Il fait l’option de rester sous la couverture de son parti qui était pourtant là en 1996 et 2005 quand il prenait personnellement de position. Pardon, il est aujourd’hui médiateur devant se mettre au dessus de la mêlée. Soit, mais il sait que nous savons, après l’apogée on s’efface pour ne pas être effacer. C’est l’essentiel.
Aubin R. Towanou


Suite à la présidentielle en Côte d’Ivoire 
 
L’appel à la grève générale du camp Ouattara peu suivi à Abidjan, beaucoup plus dans
le Nord
Photo d'archives d'Abidjan, le 06 décembre 2010. Photographie d"archives
 
Les Ivoiriens étaient appelés à la grève générale ce lundi 27 décembre 2010 par le camp d'Alassane Ouattara. Le RHDP, la coalition de partis soutenant le président reconnu par la communauté internationale, a appelé à « cesser les activités jusqu'au départ du pouvoir de Laurent Gbagbo ». Un appel à la grève diversement suivi selon les régions du pays.
Vu du Plateau, le quartier administratif et des affaires, c’est un lundi comme un autre avec ses embouteillages, ses commerces ouverts et ses
employés se rendant sur leur lieu de travail.
Comme l’appel à la désobéissance civile lancé la semaine dernière par Guillaume Soro, l’appel à la grève générale lancé dimanche soir par le RHDP ne semble donc pas avoir été vraiment entendu par la population. Il faut dire que les Abidjanais, quelles que soient leurs opinions politiques, ont des priorités économiques.
 
Notre dossier spécial
Présidentielle en Côte d'Ivoire

En fait, la seule commune qui a échappé à cette normalité, c’est Abobo, un bastion des partisans d’Alassane Ouattara. D’après des habitants sur place, à l’aube les gens ont quitté leur domicile pour aller travailler mais en fin de matinée des jeunes pro-Ouattara ont tenté de bloquer la circulation des Gbaka, les taxis collectifs. Cela a entraîné une intervention des forces de défense et de sécurité (FDS) qui ont tiré des gaz lacrymogènes pour disperser la foule. En dehors de cet incident, Abidjan travaille donc normalement.

En revanche à Bouaké et Korhogo, deux fiefs des forces nouvelles, le mot d’ordre de grève a été d’avantage suivi puisque ce lundi matin les portes des administrations étaient closes et les commerces majoritairement fermés.
 
La troïka africaine attendue mardi à Abidjan


Cet appel à la grève générale intervient à la veille de la visite de la délégation des pays d'Afrique de l'Ouest, attendue à Abidjan mardi. Lors de son sommet extraordinaire à Abuja au Nigeria, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) avait souhaité qu'il n'y ait aucun compromis à l'égard de Laurent Gbagbo. C’est le message que viendront porter en Côte d’Ivoire les trois chefs d'Etats, les présidents béninois, cap-verdien et sierra-léonnais.

Cette troïka africaine parlera au nom de tous les pays membres de la CEDEAO. Elle redira au président sortant qu'une intervention militaire n'est pas exclue s'il refuse toujours d'abandonner le pouvoir au profit d'Alassane Ouattara, le vainqueur désigné de la dernière présidentielle. Si les Cap-Verdiens refusent de communiquer autour de cette initiative, c'est pour laisser toutes ses chances à cette mission de médiation, comme nous l'a expliqué José Brito, le ministre des Affaires Etrangères du Cap-Vert. « Moins on parle avant, dit-il, et plus on a de chances d'être entendus, ajoutant que la mission qui s'annonce est difficile et qu'il n'est pas utile de la compliquer par des déclarations qui pourraient être mal interprétées.

Quant au ministre béninois des Affaires Etrangères, Jean-Marie Ehouzou, il explique que « cette médiation représente un geste de bonne volonté de la part de la CEDEAO qui veut trouver une issue pacifique à ce problème », répétant cependant à plusieurs reprises que la mission est extrêmement difficile. Même état d'esprit en Sierra Leone où le ministre de l'Information explique que le Chef de l'Etat se rend à Abidjan afin de convaincre Laurent Gbagbo d'abandonner le pouvoir.

Trois présidents qui parleront donc d'une seule voix au nom de toute l'Afrique de l'Ouest et qui devront ensuite rendre compte de leur mission. En cas de refus, le recours à la force sera alors fermement envisagé et des poursuites internationales seront engagées.

lundi 20 décembre 2010

Investiture du candidat unique de l’Un à la présidentielle de 2011

Le sacre de Adrien Houngbédji 

Me Adrien HOUNGBEDJI, le candidat unique de l'UN en 2011

La cérémonie d’investiture du candidat unique de l’Union fait la Nation, Me Adrien Houngbédji a eu lieu ce samedi 18 décembre 2010 en présence des milliers de militants  dans un Stade de l’Amitié plein à craquer à Cotonou .

La machine "Union fait la Nation", à la lumière de la déferlante ruée de ce samedi 18 décembre, marque la consécration d’une marche savament assurée par un groupe d’hommes et de femmes mobilisés pour réussir l’alternance en 2011. Ils étaient nombreux à faire le déplacement du Stade de l’amitié de Cotonou. L’affluence était si perceptible qu’un embouteillage monstre s’installe sur la route longeant le Stade. La déferlante "Union fait la Nation" a fait parler d'elle ce samedi. A 13 heures, l’entrée principale du Stade de l’amitié était devenue trop exigüe. A l’instar des grands rendez-vous, cette marée humaine estimée à plusieurs dizaines de milliers de personnes s'est installée progressivement dans les gradins, tribunes et autres sièges apprêtés pour la circonstance. Malgré le soleil accablant, ces militants tenaient à honorer leur leader. Ils étaient déterminés et tenaient à le faire savoir à l'opinion publique nationale et internationale. 

A 15 heures, le responsable à la communication de l'UN, Gaston Zossou s'installe au pupitre. Dans un style que lui connaissent déjà les Béninois, Gaston Zossou clame que le départ du régime actuel n’est plus qu’une question de semaines. Jamais, nous ne sommes tombés si bas. Ce n’est plus la filouterie, c’est le gangstérisme au sommet de l’Etat a-t-il affirmé. "Pour nous, un devoir de salubrité citoyenne s’impose afin de débarquer d’ici quelques semaines, la clique qui nous a menti depuis bientôt 5 ans », Gaston Zossou sera suivi d'une série de prestations artistiques. A 17 heures 30, le cortège officiel, constitué des ténors de l'Union fait la nation ayant à sa tête me Adrien Houngbédji, le candidat unique à investir a fait son entrée au Stade de l'Amitier. Après avoir fait le tour de la piste d’athlétisme, il s’immobilisa au niveau de la ligne médiane. Les bruits des vuvuzela entre-temps assourdissants s’estompent. Le public déjà estimé à 40.000 militants était discipliné pour suivre le message officiel de l'Union fait la Nation. Tour à tour, le Président de l’Un Bruno Amoussou, le Président de la Rb, Lehady Soglo, du Madep, Séfou Fagbohoun, le coordonnateur de l’Union, Antoine Kolawolé Idji, le président de l’Undp, Jean-Claude Codjia, de Force Clé Lazare Sèhouéto, de Marche, Félix Dansou Dossa et le Président du comité d’organisation Sévérin Adjovi, firent leur apparition. Le stade s’emballe. Des ovations nourries du public les accompagnent jusqu’ à la tribune. Après une trêve musicale assurée par l’artiste Yvan, le bal des déclarations commença. Le Président du Nep Mixalodo Paul Gnimagnon, accompagné par le coordonnateur national de l’Union, descend de la tribune officielle et se dirige vers le podium installé à quelques mètres. Dans son intervention, Paul Gnimagnon expose les raisons de son soutien au candidat de l’Union fait la Nation. Pour Antoine Kolawolé Idji, l’heure de Dieu a sonné. « Allez annoncer la bonne nouvelle », a-t-il déclaré. A 18 30, la conférence des présidents de l’Un descend la marche portée en triomphe par le public qui au fil des heures s’agrandissait. Elle rejoint les autres sur le podium. On entrait de plain pied dans les manifestations. La liesse était perceptible et le stade déjà plein comme un œuf était en ébullition. A 18 heures 20 mn, le leader charismatique de la Renaissance du Bénin, Président d’honneur de l’Un, Nicéphore Dieudonné Soglo, fit son apparition. D’une seule voix, les 50 000 âmes toutes debout chantaient les mérites de l’homme. A peine descendus du véhicule Bruno Amoussou, Antoine Kolawolé Idji et Lehady Soglo, allèrent à sa rencontre. Tout de blanc vêtu, Nicéphore Soglo dans son « agbada » habituel fut accompagné jusqu’au podium sous les ovations nourries du public. Quelques minutes plus tard, l’homme de la soirée, le candidat de l’Union fait la Nation Adrien Houngbédji fit son apparition. La fièvre monte un peu plus. Cette rencontre prit très tôt l’allure d’une grande fête à laquelle personne ne pouvait rester indifférent. Ni le président de l’Un Bruno Amoussou, le candidat Adrien Houngbédji, encore moins le leader charismatique de la Renaissance du Bénin, ne pouvait s’empêcher d’esquisser quelques pas de danse. Les groupes Ardiess et Afafa ont fait parler leur talent en tenant le public et les invités d’honneur en haleine pendant un bon moment. Après ce moment de gaieté, le bal des déclarations démarre avec le discours solennel d’investiture qui est venu clôturer les manifestations. Ont assisté aux manifestations, une délégation de la coalition Abdoulaye Bio Tchané et bien d’autres alliances de partis.
A R T

Bénin-relance économique

Boni Yayi privilégie les entreprises au

 détriment des consommateurs

Boni Yayi, Président de la République du Bénin
Depuis quelques jours, le gouvernement du Bénin a pris la décision de soutenir financièrement les entrepreneurs du marché Dantokpa. Une mesure prise dans le cadre de la relance de l’économie béninoise très affectée par la crise économique qui sape les efforts de développement entrepris par l’Etat. Ce faisant, le président de la République a choisi de privilégier les entrepreneurs au détriment des consommateurs tout aussi en souffrance.
Un milliard de francs Cfa est la ressource que le régime Boni Yayi a bien voulu mettre à la disposition des marchands du marché Dantokpa pour relancer l’économie béninoise en difficulté en cette période de fêtes de fin d’année. En effet, il s’agira, à raison d’environ quatre cent millions de francs Cfa, de subventionner les droits de siège payables par les entrepreneurs du marché pour y avoir une place. Par ailleurs, pour plus de six cent millions de francs Cfa, des prêts remboursables à taux préférentiels seront accordés aux marchands. De quoi soulager les difficultés financières qu’ils rencontrent du fait de la crise économique qui sévit et dont les effets sont très importants sur les échanges au Bénin. Une mesure qui à première vue paraît opportune et même qualifiée de salutaire par le Béninois ordinaire, naturellement ordinaire.
Une mesure politique et non économique
En économie, il est vivement souhaitable, lorsque l’on veut relancer l’économie, de stimuler la consommation. L’avantage qui y réside est à sens multiple. En effet, lorsqu’on fouette la consommation par divers mécanismes dont la mise à disposition des agents économiques, connus sous le vocable « consommateurs », de plus de moyens de paiement, on satisfait, non seulement le citoyen lambda, mais lorsque celui-ci consomme sur le marché, il relance les échanges et par conséquent, les trois secteurs de l’économie en tirent profit. En science économique, le développement ci-dessus est basique et connu de tous ceux qui ont eu l’opportunité de se familiariser avec le B.A.-BA en économie générale.
Nous reconnaissons que la politique économique a ses règles qui peuvent échapper aux notions rudimentaires les plus classiques en économie. Mais il est quand même aussi plausible qu’élémentaire la réalité selon laquelle il serait difficile de relancer une économie en soulageant rien que les entrepreneurs à l’heure de la globalisation. Tenez, avec la dernière crise économique en occident, en dehors des mesures de sauvetage des institutions financières classiques telles les banques, assurances, …, la plus part des dispositions prises ont pour but de relancer la consommation. Nous avons encore à l’esprit les primes à la casse initiées pour relancer le secteur de l’automobile, etc. La surprise est grande, trop grande même, lorsqu’on apprécie que le Bénin est gouverné par des économistes de haut niveau et qu’à l’œuvre les politiques mises en application souffrent de si grandes insuffisances. Il y a quelques années, au moment où tous les secteurs étaient très grippés, du fait de la crise économique actuelle, nous étions surpris de constater que le gouvernement du Bénin a choisi d’accorder des subventions en termes d’exonération fiscale aux importateurs de produits de grande consommation. Au finish, c’est tout déçu que le gouvernement a arrêté la saignée en constatant que malgré les subventions, les prix des produits étaient en hausse vertigineuse. Aujourd’hui encore, tout comme s’il n’y avait que des amnésiques au gouvernement, on recourt à la même mesure, ou à une mesure similaire et certainement pour le même résultat pour ne pas dire sans aucun résultat. Et si ceux qui ont commencé une campagne de communication autour de cette mesure économique épargnaient les Béninois d’une constipation médiatique de plus ?
Une mesure populiste et électoraliste
En fait, le seul mérite qu’on peut reconnaitre à cette mesure est qu’elle permet à un régime impopulaire de se donner bonne conscience auprès d’une frange importante de Béninois. Ces hommes et femmes laborieux qui entreprennent dans le plus grand marché du Bénin sont de ce fait très importants sur le plan électoral. En effet, nous sommes à un trimestre des prochaines élections législatives et présidentielle. Il s’agit d’une mesure qui permet d’avoir un contacte direct avec le bénéficiaire qui est un potentiel électeur. Car, lorsqu’on relance la consommation, l’effet sur les marchands de Dantokpa est indirect et ceux-ci pourraient ne pas se sentir redevables. Or, en attribuant directement des subventions aux entrepreneurs du marché, on s’assure du contact physique et on est assuré d’en tirer profit en contrepartie. Il ne s’agit dont pas d’une mesure économique ayant pour objectif de relancer l’économie béninoise, mais d’une faveur intéressée accordée à une frange bien ciblée d’agents économiques de qui on attend une contre partie en terme électoral. Nous ne croyons pas avoir le sens absolu des analyses, mais nous avons la certitude d’être crédibles, d’être raisonnables et sans partie prie.
Aubin R. Towanou

Côte d'Ivoire

Calme précaire, l'ONU dénonce des «violations massives des droits de l'homme»
 
Une patrouille de l'Onuci dans une rue d'Abidjan, le 17 décembre 2010. Une patrouille onusienne dans une rue à Abidjan
 
C'est aujourd'hui lundi 20 décembre 2010 à New York que doivent avoir lieu les discussions sur le renouvellement du mandat de la mission de l'ONU en Côte d'Ivoire. Un rendez-vous sans lien avec l'injonction émise par Laurent Gbagbo ce week-end de voir l'Onuci et la force Licorne quitter le pays. Ces discussions étaient prévues de longue date car le mandat de la mission expire officiellement le 31 décembre prochain. Sur place, on constate une détérioration de la situation politique et sécuritaire. Ces derniers jours, d'après l'ONU, les violences ont fait plus de 50 morts et 200 blessés. 

En apparence, pas une vaguelette ne vient rider les eaux calmes de la lagune Ebrié. Que ce soit chez les proches de Laurent Gbagbo, ou dans l’entourage d’Alassane Ouattara, chacun jure qu’il fera tout pour éviter de faire couler le sang des Ivoiriens et que la violence ne peut venir que du camp adverse.
L’homme le plus visible de ces derniers jours, Charles Blé Goudé
a tenu ce weekend des meetings à Yopougon et à Port-Bouët pour mobiliser les jeunes. Si le nouveau ministre n’a rien perdu de sa verve nationaliste, et qu’il ne rate pas une occasion pour fustiger Nicolas Sarkozy, qui selon lui traite Laurent Gbagbo comme un modeste sous-préfet, l’ancien leader étudiant promet que la résistance contre les troupes étrangères se fera pacifiquement.
« Violations massives des droits de l'homme »
Du côté de l’hôtel du Golf, où sont retranchés Alassane Ouattara et ses ministres, on assure qu’une offensive des Forces nouvelles n’est pas à l’ordre du jour. Mais l’on dénonce avec force les tueries de masse perpétrées par « les milices à la solde d’un régime illégitime aux abois ». Une accusation en partie corroborée par les Nations unies. Selon la division des droits de l’homme de l’Onuci, depuis plusieurs jours les exécutions sommaires et les enlèvements de militants du RHDP se multiplient à Abidjan et dans les environs.
Les violences perpétrées durant ces trois derniers jours ont fait plus de 50 morts et plus de 200 blessés, selon un bilan donné dimanche 18 décembre par la Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme. Navi Pillay parle de « violations massives des droits de l'homme » et notamment d'enlèvements commis la nuit par des individus armés non identifiés qu'accompagnent des membres des forces de défense et de sécurité fidèles à Laurent Gbagbo. D'après les informations du Haut Commissariat, les personnes enlevées seraient détenues au secret et en dehors de tout cadre judiciaire, tandis que d'autres auraient été retrouvées mortes.
Ce que représentent l'Onuci et l'opération Licorne sur le terrain
L'ONU a opposé une fin de non-recevoir à l'exigence de Laurent Gbagbo d'un retrait des casques bleus de Côte d'Ivoire et s'est déclarée « préparée à toute éventualité », même si elle souhaite éviter une confrontation avec les forces armées fidèles au président sortant. Le camp Gbagbo a accusé les
forces impartiales, l'Onuci mais aussi l'opération Licorne, censée appuyer l'Onuci, d'avoir transporté et fourni des armes aux anciens rebelles des Forces nouvelles alliés à son rival Alassane Ouattara.
Que représentent ces forces dites « impartiales » sur le terrain ? Forte actuellement de quelque 10 000 casques bleus, de policiers et de personnels civils, l'Onuci a commencé à être déployée en avril 2004 dans une Côte d'Ivoire coupée en deux depuis 2002 : un sud tenu par le régime Gbagbo et un nord contrôlé par les Forces nouvelles.
Commandement français sous mandat onusien

Sa mission était de surveiller le respect du cessez-le-feu, d'encadrer le processus de désarmement, qui est aujourd'hui au point mort à la suite de la crise née de la présidentielle du 28 novembre. Un contingent de 800 hommes protège actuellement l'hôtel du Golf où est retranché Alassane Ouattara, reconnu comme président élu par la communauté internationale.

Outre le retrait des casques bleus, Laurent Gbagbo a également exigé celui de la force française Licorne. C'est l'autre composante des « forces impartiales ». Licorne compte aujourd'hui 900 soldats installés sur l'ex-base militaire française du 43e Bataillon d'infanterie de marine, fermée en juin 2009.
Le commandement de Licorne est français, mais le mandat lui est onusien. La force est chargée d'appuyer l'Onuci. Théoriquement, le mandat de l'Onuci s'achève le 31 décembre prochain. Le conseil de sécurité de l'ONU peut bien sur le prolonger. Le Premier ministre d'Alassane Ouattara, Guillaume Soro, a même demandé qu'il soit renforcé.
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a prévenu Laurent Gbagbo de « conséquences » si ce dernier s'en prenait à l'Onuci. Ce qui a donné évidemment satisfaction au gouvernement d'Alassane Ouattara, comme l'a exprimé son porte-parole.

vendredi 17 décembre 2010

Promotion de recherches en prévention du VIH en Afrique francophone par l’Irsm

Pour une synergie d’actions entre chercheurs du Nord et du Sud

Des chercheurs dans l'Unité de recherches en prévention des IST-VIH/SIDA

Le projet de renforcement de capacités de recherche en prévention du VIH/Sida en Afrique francophone mis en œuvre au Bénin, dans le cadre de l’Initiative de recherche en santé mondiale (Irsm), est arrivé à son terme. Financé par cette dernière institution avec la participation du Centre de recherche pour le développement international (Crdi), le projet a à son actif plusieurs acquis dont la création d’une « Unité de recherche en prévention des IST/VIH/Sida » ainsi que la mise en place d’un « comité d’éthique pour la recherche en santé au Bénin». Deus structures qui fonctionnent en apportant un précieux concours à la promotion de la recherche en Afrique francophone dans une synergie d’action entre chercheurs du Nord et du Sud.
Des formations, des stages de formation et de mise à niveau, des ateliers de renforcement de capacités, des voyages d’études, équipement, etc. sont les activités essentielles du projet de renforcement de capacités de recherche en prévention des IST/VIH/Sida en Afrique francophone. Selon les acteurs et bénéficiaires du projet, au bout des deux années, ses extrants se matérialisent par l’existence, dans l’espace francophone d’Afrique, d’un plateau technique permettant la promotion de la recherche en IST/VIH/Sida du fait du renforcement de capacités des chercheurs et autres personnels associés intervenant en réseau avec leurs homologues du Nord. Aussi, désormais il est créé au Bénin une unité de recherche en IST/VIH/Sida disposant d’un local équipé qui reçoit quotidiennement des chercheurs qui gagnent du temps pour mettre en œuvre leur protocole de recherche. L’un des impacts bien visibles du projet au Bénin est la création d’un comité d’éthique de la recherche, composé de personnalités pluridisciplinaires formées par ailleurs dans le cadre dudit projet, chargé de valider les protocoles de recherche. Des chercheurs Burkinabé, ivoiriens, gabonais, maliens et togolais se sont associés à leurs homologues béninois et canadiens pour conduire le projet à son terme.
Une unité de recherche à soutenir
Pour le responsable de l’unité de recherche en prévention des IST/VIH/Sida, M. Marcel Zannou, la structure dont il a la charge est essentielle dans toute stratégie de promotion de recherche spécialisée. Ainsi, sa création sur la place du Bénin apporte une solution de premier ordre aux chercheurs qui gagnent désormais du temps dans l’efficacité. Ainsi, son unité dispose d’équipements informatiques lui permettant de mettre à la porté des chercheurs les bases de données que sont les meilleurs revues, les meilleurs publications et tous autres informations relatives à leurs protocoles de recherche en matière de IST/VIH/Sida. Connue et très intégrée dans le milieu de la recherche au Bénin, l’unité de recherche reçoit par jour, en moyenne, dix chercheurs issus des deux universités du Bénin. Au nombre de ceux-ci, on compte des étudiants en fin de cycle, des rédacteurs d’articles sur les IST/VIH/Sida que sont les enseignants, les médecins, les pharmaciens, les sociologues, etc.
Afin de donner des perspectives pertinentes à l’unité de recherche du professeur Zannou, il convient de souligner qu’il y a un impératif de ressources à mobiliser afin d’assurer les charges incompressibles de celle-ci. En effet, la documentaliste de l’unité est une salariée ; les abonnements aux publications spécialisées, aux revues et aux bases de données spécifiques sont à renouveler dans le temps ; la maintenance de l’équipement et autres consommables se grèvent aux précédentes charges. Par ailleurs, l’unité de recherche a, à titre expérimental, facilité des initiatives de chercheurs ayant abouti à la rédaction de deux protocoles de recherche. Le premier a trait à l’observation de la fréquence des hépatites virales chez les personnes qui ont déjà le VIH en vue d’une probable modification des politiques de prise en charge des malades. Le second protocole est relatif à l’observation de la « cryptococcose neuroméningée » fréquente chez les porteurs du VIH afin d’en faire ou non une préoccupation de santé publique.
Un comité d’éthique pour crédibiliser la recherche
Avant l’intervention du projet de renforcement de capacités de recherche en prévention des IST/VIH/Sida en Afrique francophone, c’était des comités administratifs ad hoc qui validaient les protocoles d’essais cliniques dans le cadre de la recherche en santé au Bénin. Pour remédier à cette situation qui ne garantissait pas la crédibilité des avis émis, le projet a facilité le processus de la création et de mis en place d’un « comité d’éthique » plus professionnel disposant de compétences et de capacités avérées en attendant la prise de la loi qui règlementera définitivement cette matière en République du Bénin. Déjà, ce comité, dont les membres ont été formés pour une meilleure prise en charge de leur responsabilité, a à son actif l’étude d’une trentaine de protocoles de recherche pour approbation éthique. Ce comité, installé dans les locaux de l’Administration, équipé sur financement du projet, est présidé par le professeur Flore Gangbo, médecin, ancien ministre de la santé.
Création d’un réseau de chercheurs spécialisés
Avec le projet de renforcement de capacités de recherche en prévention des IST/VIH/Sida en Afrique francophone, des chercheurs du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Gabon, du Mali et du Togo, ont collaboré, tant en Afrique et ailleurs notamment au Canada, en milieux hospitaliers, en laboratoire et à l’université avec des chercheurs occidentaux. Ainsi, il s’est créé un réseau de chercheurs Nord-Sud qui restent en contacte au-delà des interventions du projet. Suivant les témoignages des bénéficiaires, cette collaboration qui s’est créée entre chercheurs s’est faite à plusieurs niveaux lors de la mise en œuvre du projet. En effet, dans un premier temps, elle s’est faite à l’occasion des formations  in situ comme à distance parfois des études diplômantes  dont certaines sont encore en cours au Canada dans des cycles de doctorat ou de maîtrise spécialisés, notamment en épidémiologie, et orientés vers la promotion de la recherche. Ensuite, cette synergie des acteurs de la recherche du Nord et du Sud en matière de la prévention des IST/VIH/Sida s’est faite lors des stages effectués par des chercheurs africains francophones dans des unités de recherche en occident. Aussi, les échanges entre chercheurs au plus haut niveau ayant conduit à des collaborations fructueuses ont eu lieu à l’occasion des conférences internationales auxquelles ceux-ci ont participées avec l’appui du projet. Toute chose qui met en évidence une expérience réussie de collaboration Nord-Sud de renforcement de capacités en matière de recherche en prévention des IST/VIH/Sida en Afrique. Pour  Mme Ella Goma, technicienne de laboratoire en poste au centre médical de la ville de Cotonou, une bénéficiaire du projet, le cadre de collaboration créé par le projet renforce ses capacités d’intervention à double titre. Dans un premier temps, du fait de la formation dont elle a bénéficiée grâce au projet. Secondairement, du fait de la collaboration constante lui permettant de finaliser au Canada certains essais en laboratoire démarrés à Cotonou.
La nécessité d’un financement post-projet
Les acquis du projet de renforcement de capacités de recherche en prévention du VIH/Sida sont perceptibles. Il convient aujourd’hui pour ses acteurs d’inscrire leurs œuvres dans la durée. Pour y arriver, deux institutions retiennent l’attention de tous. D’abord , l’unité de recherche qui est un centre dont la pérennité dépend pour une grande part de sa capacité à se prendre en charge en vendant les services qu’il rend à la communauté universitaire en général et au chercheurs en particulier. Mais avant d’en arriver là, selon les propos du professeur Zannou, il faut rechercher dans l’immédiat des sources de financement post-projet. Toutefois, celui-ci rassure quand à l’existence de perspectives de financement même si celle-ci tarde à se concrétiser. Aussi, en attendant la prise de la loi portant création et fonctionnement du comité d’éthique, le « comité d’éthique transitoire » installé avec le concours du projet a besoin de financement pour son fonctionnement. Par ailleurs, dans le cadre de la mise en œuvre du projet, des enquêtes ont été initiées et ont permis de suivre des cortes de porteurs du VIH et des femmes travailleuses de sexe. A la fin du projet, si aucune initiative de financement n’était prise pour assurer l’encadrement de ces cortes, le milieu de la recherche en prévention du VIH au Bénin va perdre un élément essentiel de suivi de la pandémie. Le suivi des cortes apparaît aux yeux des acteurs du projet en général et des chercheurs en particulier comme un impératif incompressible. Car, il a fallu plusieurs années de suivi permanant pour constituer lesdites cortes.
Aubin R. Towanou
Les acquis du projet en bref
Le projet de renforcement de capacités initié par les partenaires du Nord et du Sud que sont : Faculté des sciences de la santé, Cotonou, Bénin ; Centre hospitalier affilié universitaire de Québec, Canada; Hôpital Maisonnneuve-Rosemont, Montréal, Canada; Faculté de médecine, Université des Sciences de la Santé, Libreville, Gabon; Faculté des sciences & Génie, Université Laval, Québec, Canada ; Institut régional de santé publique, Ouidah, Bénin s’est déroulé de juin 2007 à décembre 2009. Il a permis de créer une unité de recherche en prévention du VIH de même qu’un comité d’éthique de la recherche en santé au Bénin, dont tous les membres ont été formés en éthique de la recherche. A ce jour, le comité d’éthique a pu étudier une trentaine de protocoles de recherche, pour approbation éthique. 3 chercheurs africains ont été formés en épidémiologie au Canada, soit 2 au doctorat et 1 à la maîtrise. Des enseignants du Nord et du Sud ont dispensé de la formation lors des 2 sessions de 2 semaines portant sur les aspects « cliniques et éthiques de laboratoire en lien aux IST/VIH/Sida » organisées au Bénin à l’intention de 19 médecins et techniciens provenant de différents pays d’Afrique francophone : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Gabon, Togo. 8 stages individuels de 4 à 6 semaines se sont également tenus au Canada. 2 ateliers de rédaction de protocoles ont été mis sur pied au Bénin à l’intention des chercheurs béninois et plusieurs participations à des conférences ont été financées. Une formation en éthique de la recherche à l’intention de 10 membres sur les 11 que compte le comité d’éthique ainsi que 2 chercheurs a été assurée à distance par l’université Laval.
 A R T

lundi 13 décembre 2010

Commémoration tournante de la fête de l’indépendance au Bénin

Dans l’univers des éléphants blancs de Lokossa

Plusieurs villas abandonnées à la brousse et faisant l'objet de vandalisme
 
Depuis 2007, le gouvernement de Boni Yayi a pris la décision, saluée par tous, de faire abriter, de manière tournante, les manifestations entrant dans le cadre de la commémoration de la fête de l’indépendance par les grandes villes du pays. Ainsi, de 2007 à 2010, les villes d’Abomey, de Parakou, de Lokossa et de Porto-Novo ont accueilli successivement lesdites manifestations avec d’importants effets induits en terme de construction d’infrastructures urbaines. Pour ce qui concerne la ville de Lokossa, d’importants investissements, non achevés, ont été abandonnés…
Des logements presqu’achevés envahis par la brousse, des reptiles… sont ce qui reste des chantiers de construction de logements initiés dans la ville de Lokossa à l’occasion de la commémoration du 1er août 2009. Ainsi, les habitants de la ville de Lokossa retiennent un arrière goût un peut amère à la suite de la commémoration chez eux de l’édition 2009 de la fête de l’indépendance. Peut-être qu’il s’agit là d’un sentiment partagé par tous les habitants des villes qui ont successivement accueilli depuis 2007 les cérémonies officielles nationales du 1er août. En attendant, d’en avoir une réponse précise, les rumeurs révèlent que généralement les chantiers engagés dans le cadre de cette commémoration tournante sont abandonnés une fois le 1er août passé. La situation à Lokossa, très préoccupante, confirme lesdites rumeurs.
Des logements inachevés abandonnés dans la brousse
Plusieurs sont les chantiers ouverts à Lokossa dans le cadre des festivités du 1er août 2009. Au nombre de ceux-ci, il y en a plusieurs, notamment les routes et les différentes réfections qui étaient indispensables à la tenue des manifestations qui ont été bien achevés. A côté de ceux-ci, il y avait l’ambitieux projet de construction de logements à différents standings. L’objectif était d’utiliser lesdits bâtiments pour loger certains hôtes de marque invités à prendre part aux festivités, puis après la fête, les mettre à la disposition du public sur la base de contrat de location vente. Comme ailleurs, à Lokossa, les chantiers de construction de logements ne sont pas arrivés à terme avant les manifestations festives. Ainsi, l’Administration ayant en charge ledit projet avait la responsabilité de le conduire jusqu’à son achèvement. Mais un an après, le constat est à la limite de l’inacceptable. C’est le sentiment qui anime les populations de Lokossa précédemment plongé dans la croyance selon laquelle ce projet était l’une des retombées visibles et bénéfiques pour leur localité. Tel que le montrent les photographies d’illustration du présent papier, le chantier presqu’achevé a été abandonné. Ainsi, l’ensemble des logements sont dans la brousse et servent d’abris aux reptiles et autres petits ruminants. Le grand nombre des bâtiments est déjà couvert et les revêtements au sol achevés. Pourtant ils sont abandonnés et les portes et fenêtres sont restées paradoxalement ouvertes. Ainsi, en plaine saison de pluie, l’intérieur de ces bâtiments est inondé laissant évoluer certaines plantes. Certaines portes et fenêtres sont dépourvues de leurs serrures précédemment installées. Les douilles et réglettes sont sans ampoules alors que celle-ci étaient déjà bien installées, selon les témoignages recueillis sur place. Certaines toitures, en tuile, présentent des trous béants. Bref, la désolation est effective sur ce vaste domaine qui a pourtant bénéficié de plusieurs milliards de francs Cfa du contribuable béninois. D’importants investissements abandonnés à la brousse et aux intempéries. Toute chose qui laisse croire que le projet n’avait pas au départ de responsable au niveau de l’Administration publique.
A R T.
Une villa abandonnée à la brousse et dont l'un des battants du portail est emporté

jeudi 9 décembre 2010

Côte d'Ivoire

L'Onu et l'Afrique du Sud font la pression sur Laurent Gbagbo
Le Conseil de sécurité de l'ONU discutant de la situation en Côte d'Ivoire, à New York, le 7 décembre 2010.

Le Conseil de sécurité des Nations unies a finalement annoncé mercredi soir, 8 décembre 2010, dans une déclaration son soutien à Alassane Ouattara comme président élu de Côte d'Ivoire. Dans un avertissement clair au président sortant Laurent Gbagbo, «les membres du Conseil de sécurité condamnent dans les termes les plus forts possibles tout effort de renverser la volonté du peuple». Enfin, prenant position pour la première fois, l'Afrique du Sud a demandé à Laurent Gbagbo de quitter le pouvoir.

Cinq jours, c’est le temps qu’il aura fallu au Conseil de sécurité pour reconnaître la victoire d’Alassane Ouattara pourtant certifiée vendredi 3 décembre 2010 par le représentant spécial de l’Onu en Côte d’Ivoire et saluée par le secrétaire général Ban Ki-moon lui-même. C’est à la Russie que l’on doit cette longue attente. Les Russes estimaient qu’il n’était pas du ressort du Conseil de certifier l’élection d’Alassane Ouattara, allant jusqu’à parler d’ingérence dans les affaires intérieures ivoiriennes.
Cinq jours de tergiversations plus tard, l’avertissement des 15 pays-membres a gagné en fermeté. Le président sortant Laurent Gbagbo est prévenu… le Conseil dit « condamner dans les termes les plus forts possibles tout effort de renverser la volonté du peuple ». Pas question en revanche de certifier l’élection d’Alassane Ouattara de façon explicite. Pour satisfaire la Russie, les 15 ont fini par reprendre à leur compte la reconnaissance de sa victoire par la Cédéao et demandent à toutes les parties de respecter le résultat de l’élection.
Quant aux individus qui tenteraient de menacer le processus de paix ou de faire obstruction au travail de la mission onusienne sur place, le Conseil de sécurité rappelle qu’il est prêt à imposer des mesures ciblées.
L'Afrique du Sud est aussi sortie de son silence
Il aura fallu que la Cédéao frappe du poing sur la table pour que l’Afrique du Sud finisse par se réveiller. Au lendemain de la demande de départ de Laurent Gbagbo par l’organisation régionale ouest-africaine, Pretoria a demandé à ce dernier de se plier à cette requête.
Dans un communiqué rendu public mercredi soir 8 décembre 2010, le ministère des Affaires étrangères sud-africain appelle également « les leaders ivoiriens à promouvoir la réconciliation nationale et l’unité qui sont les grandes priorités en ce moment en Côte d’Ivoire».
La prudence de l’administration Zuma peut partiellement s’expliquer par les liens entre le gouvernement de l’ANC et Laurent Gbagbo. Une lenteur qui a été vivement critiquée par l’opposition sud-africaine. Mais alors que l’Onu, l ‘Union africaine, la Cédéao et un nombre croissant de pays s’unissent pour demander une issue pacifique à la crise, la super puissance du continent ne pouvait plus se permettre de rester silencieuse.

mardi 7 décembre 2010

Situation politique tendue au Bénin

Et si la Cour constitutionnelle béninoise renouait avec la sagesse…



Me Robert DOSSOU, Président de la Cour constitutionnelle du Bénin
Les Béninois ont pris l’habitude de qualifier les membres de la Cour constitutionnelle de sages. L’expression « les sept sages de la Cour » est admise pour désigner l’institution qu’est la Cour constitutionnelle. Cependant, depuis quelques mois, nombreux sont ceux qui hésitent à prononcer le mot sage lorsqu’il s’agit de parler de la Cour constitutionnelle.

Au terme de la Constitution béninoise du 11 décembre 1990, en son article 114, « La Cour constitutionnelle est la plus haute juridiction de l’Etat en matière constitutionnelle. Elle est juge de la constitutionnalité de la loi et elle garantit les droits fondamentaux de la personne humaine et les libertés publiques. Elle est l’organe régulateur du fonctionnement des institutions et de l’activité des pouvoirs publics. » et celui 124 « Une disposition déclarée inconstitutionnelle ne peut être promulguée ni mise en application. Les décisions de la Cour constitutionnelle ne sont susceptibles d’aucun recours. Elles s’imposent aux pouvoir publics et à toutes les autorités civiles, militaires et juridictionnelles ». Ainsi, avec une si grande responsabilité publique consacrée par la Constitution, les Béninois n’ont pas hésité à admettre que cette institution est un véritable pouvoir absolu qui, dans une démocratie, ne peut être incarné que par des sages. Et ils ne se sont pas trompés. Car, en quelques mois de mandature, la première équipe qui a eu la responsabilité d’assumer ce pouvoir, qualifié parfois d’exorbitant, s’est illustrée comme étant constituée de véritables sages. En cinq ans, tout ne s’est pas passé comme sur des roulettes, mais les Béninois s’accordent à reconnaître que la sagesse était de cette équipe. Les équipes qui vont suivre n’ont pas pu éviter de connaître des « bas remarquables », mais le cap est maintenu malgré tout.
Une Cour qui fait peur
La dernière équipe composant la Cour constitutionnelle a la particularité d’être une parfaite émanation du régime au pouvoir. En son sein, on retrouve les personnalités désignées par le président de la République et celles qui ont été choisies par le bureau, acquis au même régime, de l’Assemblée nationale. Toute chose qui fait douter nombre de Béninois quant à la capacité de cette Cour à être impartiale. Depuis, celle-ci n’a perdu aucune occasion pour rendre des décisions sujettes à caution. Elle n’a même jamais hésité à multiplier les revirements jurisprudentiels difficilement compréhensibles pour des Béninois habitués à une autre manière de faire de ses précédents sages.
Sans risque de se tromper, on peut affirmer que la crise politique actuelle est en partie due à certaines décisions prises par cette Cour. Il apparaît de plus en plus une volonté de cette Cour à jouer le rôle de législateur en lieu et place du Parlement. En effet, comment comprendre que la Cour constitutionnelle dénie aux députés le droit de légiférer pour réviser à la hausse la caution payable par les candidats aux élections législatives et présidentielle, caution qu’elle a elle-même fixée par le passé ? Comment admettre, dans la situation actuelle de la législation béninoise, que la Cour constitutionnelle jette du doute sur la faculté du Parlement de fixer le nombre de députés devant siéger dans la prochaine Assemblée nationale ? Et les exemples sont nombreux pour mettre en évidence le fait que le blocage que connait actuellement l’adoption des lois électorales vient de la volonté de la Cour constitutionnelle à légiférer à la place des députés. Et lorsqu’on sait que les décisions de la Cour sont susceptibles d’aucun recours, il est à craindre que les députés n’acceptent pas de procéder aux mises en conformités qui n’obéiraient pas au principe de la séparation des pouvoirs. Situation qui bloquerait dangereusement le processus électoral devant conduire à au renouvèlement du Parlement et l’élection du président de la République en mars prochain.
Nécessaire retour à la sagesse
La Cour constitutionnelle a une grande responsabilité face à l’histoire aujourd’hui. Il y a quelques jours, c’est le Conseil constitutionnel ivoirien qui a raté une occasion historique pour se faire une personnalité indiscutable dans le paysage politique de la Côte d’ivoire. Ceci est déjà du passé. Tous les hommes ne sont pas suffisamment grands d’esprit pour s’affirmer lorsque leur nation a besoin d’eux. Mais nous avons la conviction qu’au Bénin, cette valeur humaine est encore bien partagée par nombre de citoyens appelés à faire valoir leur savoir-faire au service de la nation. Nous comptons, malgré tous les préjugés, sur les sept membres de la Cour constitutionnelle du Bénin. Nous avons la ferme conviction qu’ils veulent bien mériter le qualificatif de sage qu’ils ne veulent pas porter de fait ou à tort.
ART

vendredi 3 décembre 2010

Crispation au sein de la classe politique béninoise

La dangereuse incertitude qui pointe à l’horizon au Bénin

         Depuis quelques mois, les Béninois attendent et en vain, une certaine clarification en ce qui concerne l’arsenal législatif devant conduire la classe politique béninoise aux prochaines élections présidentielle et législatives. Même les dernières mises en conformité de lois électorales au Parlement, suite aux décisions de la Cour constitutionnelle, ne dissipent guère les inquiétudes légitimes des citoyens béninois. Le niveau atteint pas la crispation qui marque l’environnement politique au Bénin est si élevé que le commun des Béninois imaginent la possibilité d’une confusion politique en 2011. Le débat sur l’issue probable de la Liste électorale permanente, informatisée (Lepi) et l’option la mieux judicieuse à envisager en cas de non achèvement du processus en cours reste ouvert et loin d’être tranché. Or, chacun des acteurs de la classe politique a conscience que le temps n’est pas arrêté et que le 6 avril il faut forcément installer un nouveau président élu si nous ne remettions pas en cause les dispositions de la Constitution du 11 décembre 1990. C’est là autant de considérations qui nous permettent d’affirmer que la classe politique béninoise projette le pays dans une dangereuse incertitude.


         La République du Bénin, à travers sa classe politique, a pris l’option, faite d’incertitude, de ne pas adopter définitivement un Code électoral. Ainsi, à l’approche de chaque échéance électorale, les députés à l’Assemblée nationale sont obligés de légiférer spécifiquement afin de définir les nouvelles règles devant régir les acteurs en compétition. Il faut souligner qu’il ne s’agit pas d’une option formelle. Mais depuis l’avènement du renouveau démocratique, la pratique s’est imposée et laisse croire que cet état de fait est une norme constitutionnelle. Or, après 20 ans d’expérience démocratique, le moment est venu d’adopter un Code électoral qui ne subisse plus de modification suivant les humeurs des acteurs de la classe politique en position de force à la veille d’une échéance électorale.

La Lepi comme un objet de blocage

         La réalisation de la liste électorale permanente, informatisée (Lepi) devrait être une solution aux nombreux dysfonctionnements qui entachent les processus électoraux au Bénin. Mais force est de constater aujourd’hui que la confection de cet outil est considérée comme étant l’objet essentiel des contradictions majeures qui jettent du doute sur les élections à venir. Or, aucune enceinte politique ne nie la nécessité de l’établissement au Bénin d’une Lepi consensuelle et fiable. Il y a quelques années, tous les acteurs de la classe politique nationale appelaient de tous leurs vœux la réalisation de la Lepi. Il y en avait même qui faisaient de la réalisation de cet outil une condition essentielle en négociation politique. On attribue même à cet outil des avantages qui lui sont étrangers en le qualifiant d’outil de développement par excellence. Mais voilà que sa réalisation suscite toutes les contradictions possibles. Situation qui amène à douter de la bonne foi de ceux qui l’exigeaient par le passé.
En fait, la réalisation de la Lepi aurait été une fête de la démocratie si le Bénin n’avait pas  connu la crise politique qui mine depuis plusieurs années maintenant et jusqu’à aujourd’hui les relations entre les acteurs de premier ordre de la classe politique. En effet, Tout est parti de la réserve émise par les tenants de l’Union fait la Nation à la veille du lancement du processus. Et face à eux il avait eu la majorité au pouvoir qui a estimé que toute réserve est mal venue si l’on veut effectivement de l’aboutissement du processus de la Lepi. Et fort de cette position, le pouvoir à soutenu le lancement du processus en s’y impliquant d’amblée en montrant du doigt l’opposition comme un contre poids au bon déroulement du processus. Inutile pour nous de situer ici les responsabilités. Mais à l’épreuve des faits, la responsabilité de toute la classe politique est engagée dans ce qui arrive aujourd’hui. Car, Il est inconcevable qu’un pays comme le Bénin réalise un si important outil sans un minimum de consensus. La particularité même du processus fait qu’il est inconcevable de réaliser un tel projet en ne s’appuyant rien que sur la volonté d’une frange de la classe politique fut-elle majoritaire ou non. Puisque, la réussite dudit processus dépend de l’adhésion de tous les Béninois. Inutile se souligner que personne n’a le monopole de la bonne foi a priori lorsque nous-nous situons dans le contexte béninois.
Aujourd’hui, le processus est très avancé mais n’offre aucune garantie d’un aboutissement à bonne date. Un état de fait qui ne s’explique rien que par la divergence majeure qui mine les relations entre les acteurs de premier plan de la classe politique nationale. C’est le lieu d’indiquer que même le début de dialogue qui a été initié par le chef de l’Etat en plein processus a eu le temps de s’essouffler et finalement a créé plus d’incompréhension qu’il y en avait. Ainsi, la réalisation problématique de la Lepi constitue une source de blocage du processus électoral à venir qui est pourtant un rendez-vous constitutionnel incompressible. A cette étape, personne, ni même le superviseur générale de la Cps/Lepi, ne peut prendre officiellement la parole pour trancher le débat en indiquant clairement si oui ou non on peut aller aux élections en 2011 avec une Lepi. Or, chacun a sa position bien claire et précise sur la question sans avoir le courage de libérer le peuple qui veut bien savoir à quoi s’en tenir.

Une révision législative sur fond de confusion

         L’incertitude actuelle à la veille d’échéances politiques capitales n’aurait pas constitué un objet d’inquiétude majeure si elle ne relevait que du débat autour de la réalisation de la Lepi. Mais force est de constater qu’en plus de la Lepi qui est une source d’incertitude, il y a la révision des lois électorales qui s’entoure d’une certaine opacité que même les juristes de haut niveau n’arrivent point à démêler. En effet, le rejet par la Cour constitutionnelle de certaines innovations majeures dans les lois électorales votées par le Parlement béninois suscite de grands débats à issues incertaines.
Les députés, sur la base des habitudes à ne pas encourager consistant à réviser les lois électorales à la veille des élections, ont procédé à un toilettage des lois en introduisant des innovations majeures. Notamment dans les lois n° 2010-33 portant règles générales pour les élections en  République du Bénin et n° 2010-35 portant règles particulières pour l’élection des membres de l’Assemblée nationale. La Cour constitutionnelle, à l’occasion du contrôle de constitutionnalité desdites lois, a monté la barre très haute en légiférant presqu’à la place du législateur. Il s’agit de sa décision DCC 10-116 du 08 septembre 2010 et celle DCC-117 du 08 septembre 2010 relatives respectivement aux lois sus-indiquées. Décisions qui se fondent sur des moyens susceptibles de réserves objectives. Selon la Constitution béninoise, les lois électorales ne sont pas des lois spéciales et sont susceptibles de modification dans le cadre d’un processus législatif normal. Mais la Cour, de manière exceptionnelle et inattendue, a conféré la qualification d’autorité de la chose jugée à la vérification de la conformité desdites lois à la Constitution avant leur promulgation. A notre sens, une telle démarche revient à enlever à l’Assemblée nationale le pouvoir de modifier une loi promulguée ou de voter une nouvelle loi sur les mêmes matières. Aussi, le fait de ne pas reconnaître au Parlement sa prérogative de fixer, sur la base de motivation claire, le nombre de députés constitue un revirement jurisprudentiel dont le Bénin peut se passer selon des juristes avertis. Dans ces conditions, nous estimons qu’il n’est dans l’intérêt de personne qu’une révision législative ordinaire et habituelle conduise à un blocage qui ne fait qu’en rajouter aux incertitudes déjà trop lourdes qui pèsent sur le processus électoral qui s’annonce.

Une responsabilité partagée

         Avec l’embarrassant retard que connaît le lancement du processus devant conduire aux prochaines élections présidentielle et législatives, il n’est pas alarmant de commencer par craindre le pire. Une confusion politique tirant sa source dans un processus électoral mal manager pointe à l’horizon au Bénin. Loin de nous le rôle d’oiseau de mauvais augure. Nous n’avons pas appris à nous faire peur. Seulement, nous sommes réalistes et savons appeler chaque chose par son nom. Qui sème le vent, récolte la tempête disaient les anciens. On ne met pas du carburant sur une flamme pour s’étonner qu’elle prenne de l’ampleur. Aujourd’hui au Bénin, toutes les étapes jamais franchies sur le chemin de l’intolérance politique sont atteintes. Pour faire court, les différents camps en présence ne sont plus à l’étape de la possibilité de la moindre concession. Campé sur sa position, chacun est prêt à montrer à l’autre combien ses biceps sont développés. Ou du moins, chacun attend le moment propice pour asséner le coup fatal à son adversaire. Même dans un pays dont l’une des traditions culturelles fait une place de choix au dialogue à travers « l’arbre à palabre », tout se passe comme si toute possibilité de concertation est rompue et les différents camps s’observent en chiens de faïence. Chacun des acteurs s’emploie à soutenir que sa démarche va dans le sens de l’intérêt de la nation, du peuple. Pourtant, c’est ce peuple qui est malmené et s’érige en première victime face à ce qui se passe, face à l’incertitude dans lequel on propulse le pays sans ménagement.
Au regard de ce qui se passe, aucune des forces en présence, forces qui entretiennent la confusion actuelle, n’est préoccupée par les intérêts de la nation à proprement parlé. Seuls les intérêts égoïstes, sectaires guident leurs actions dont l’objectif principal est la sauvegarde ou l’amélioration des acquis de leur propre chapelle. Il est inconcevable que des personnes qui se veulent défenseurs de causes nobles résument l’action publique à une telle incongruité. Mais bon, la politique a ses règles qui échappent au bon sens et à la noblesse stricto sensu. En tout cas, le peuple silencieux est attentif à tout ce qui se passe.
Quant à ceux qui ont pris la responsabilité de participer à l’action publique tout en restant en dehors du jeu politique à proprement parlé, leur responsabilité est tout aussi grande dans ce qui pointe à l’horizon. Lorsqu’ils optent pour le silence à l’image du peuple meurtri ils jouent leur crédibilité. La société civile silencieuse sera responsable devant l’histoire dans cette marche dommageable vers l’incertitude. Sa responsabilité sera encore plus grande que celle des acteurs politiques de qui le peuple ne saurait attendre des actes de vertu. La société civile n’a pas le doit à l’excuse, c’est pourquoi nous prenons sur nous la responsabilité d’écrire ces lignes.


         Au demeurant, la situation politique actuelle au Bénin est plus que préoccupante. Il ne s’agit pas d’ébranler le peuple, mais l’inviter à la vigilance. L’incertitude politique est plus que jamais aux portes du Bénin qui avait pourtant fait du chemin à pas assurés dans sa marche vers la consolidation de sa démocratie. Mais hélas, trois fois hélas ! L’heure de l’affirmation est arrivée et ses acteurs publics ont la lourde responsabilité de lui faire passer l’étape de la majorité. Le sacrifice sera lourd, très lourd même. Rendez-vous au 6 avril pour faire le bilan si tout allait bien. Autrement, nous sacrifieront l’ensemble de l’héritage d’illustres personnages tels Mgr Isidore de Souza, dont nous saluons la mémoire au passage et Mathieu Kérékou qui a certainement encore un rôle...

Par Amévo A. C. de Campos
Architecte décorateur - Expert agréé -
Consultant international