MEMO SUR L’ACTUALITE POLITIQUE NATIONALE
Du 21 mars 2011
A la suite de la proclamation provisoire des résultats du premier tour de l’élection présidentielle du 13 mars 2011 par la Cour constitutionnelle, la vie reprend son cours normale dans les grandes régions du Bénin, notamment dans les grandes villes du pays. En effet, le président de la Cour constitutionnelle, Me Robert Dossou, au petit matin de ce lundi 21 mars 2011, a procédé à la lecture solennelle de la décision de la haute juridiction chargée du contentieux électoral dans le cadre de la présidentielle et de la proclamation des résultats du scrutin. Cette proclamation de résultats n’a donné lieu à aucun remous. On pourrait dire qu’il y a plus de peur que de mal. Les appels au calme des responsables de l’opposition, perdant à l’issue du scrutin, ont été entendus.
« Jamais je n’accepterai ces résultats, je suis le président élu à l’issue du scrutin du 13 mars 2011 … Je considère ces résultats comme nuls et non avenus… » Ainsi se prononçait ce lundi soir, le candidat de l’Union fait la nation, Me Adrien Houngbédji qui, après avoir énuméré les nombreuses irrégularités qui ont entaché le processus électoral, a dénoncé la collusion entre les institutions chargés d’organiser les élections et le pouvoir, ainsi que le complot ourdi contre le Bénin et sa démocratie. Il a invité les organisations politiques béninoises, les acteurs politiques, la société civile … à s’opposer par tous les moyens à toute manœuvre visant à remettre en cause les acquis de la Conférence nationale.
Par contre, d’autres organisations politiques sont montées au créneau pour féliciter le nouveau président élu et lui ont souhaité plein succès pour son second mandat en invitant les Béninois au travail.
L’organisation de la société civile, « Fors élection » qui a organisé la supervision du déroulement du vote du 13 mars, révèle les fruits de son observation. Dans une conférence de presse, tenue dans la soirée de ce lundi 21 mars 2011, cette entité de la société civile, affirme que d’importantes irrégularités et des cas de fraudes flagrantes ont caractérisé le scrutin. Toute chose qui justifierait d’importes annulations de voix. Il appelle le peuple à la sérénité en attendant le travail des institutions de la République pour faire la part des choses.
Aubin R. TOWANOU
Lire la décision de la Cour
La Cour constitutionnelle,
Vu la Loi n° 90-032 du 11 décembre 1990 portant Constitution de la République du Bénin ;
Vu la Loi n° 91-009 du 04 mars 1991 portant loi organique sur la Cour constitutionnelle modifiée par la Loi du 31 mai 2001 ;
Vu le Décret n° 94-012 du 26 janvier 1994 modifié par le Décret n° 97274 du 09 juin 1997 portant attributions, organisation et fonctionnement du Secrétariat Général de la Cour Constitutionnelle ;
Vu le Règlement Intérieur de la Cour Constitutionnelle ;
Vu la Loi n° 2009-10 du 13 mai 2009 portant organisation de Recensement électoral national approfondi et établissement de la liste électorale permanente informatisée ;
Vu la Loi n° 2010-33 du 07 janvier 2011 portant règles générales pour les élections en République du Bénin ;
Vu la Loi n° 2005-26 du 06 aout 2010 portant règles particulières pour l’élection du Président de la République ;
Vu la Loi n° 2011-03 du 04 mars 2011 portant habilitation spéciale des organes en charge de la réalisation de la Liste électorale permanente informatisée et de l’organisation du double scrutin de l’année 2011 ;
Vu le Décret n° 2011-059 du 04 mars 2011 portant convocation du corps électoral pour l’élection du Président de la République ;
Vu les procès-verbaux du scrutin du 13 mars 2011 et les documents y annexés dont notamment les feuilles de dépouillement qui ont été transmis par la Commission électorale nationale autonome (Cena) ;
Vu les autres pièces, documents et rapports des délégués de la Cour constitutionnelle ainsi que les réclamations rédigées et annexées aux procès-verbaux du déroulement du scrutin ;
Vu les requêtes relatives à l’élection présidentielle du 13 mars 2011 enregistrées à son Secrétariat général jusqu’à la date du 20 mars 2011, notamment celles de :
Monsieur le Président de la Commission électorale nationale autonome (Cena) transmettant une correspondance de Messieurs Victorien Houinsou et Rafiou Adegbite au sujet des résultats de l’élection dans la commune de Ouèssè, enregistrée sous le numéro 0719/082/Ep ; Monsieur le Président de la Commission électorale nationale autonome (Cena) transmettant deux urnes non traitées dans les communes d’Athiémé et de Grand-Popo enregistrée sous le numéro 0725/083/Ep ;
Vu le bordereau n° 090/Cena 2011/Pt/Sp du 16 mars 2011 par lequel la Cena transmet à la Cour trente-deux cantines et une urne scellée portant comme inscription « Centre de vote 12ème arrondissement Bv-arrondissement-vote des derniers ratissés » provenant du département du Littoral ;
Apres avoir, en sa qualité de garante de la régularité de l’élection du Président de la République, examiné toutes les réclamations et statué sur les irrégularités relevées par elle-même, opéré diverses rectifications matérielles et procédé aux redressements jugés nécessaires et aux annulations des voix au niveau de certains bureaux de vote ;
Considérant que par leur requête du 14 mars 2011 transmise par le Président de la Cena, Messieurs Victorien Houinsou et Rafiou Adegbite, membres de la Commission électorale nationale autonome (Cena) de Ouesse signalent avoir « surpris les sieurs Yadélin Jean, Sogbo Emile membres Cec et certains membres Cea de la Commune de Ouesse et le président Cec, monsieur Alomasso Alphonse en train d’ouvrir toutes les enveloppes déjà fermées contenant les feuilles de dépouillement et les procès-verbaux issus du scrutin de la commune de Ouesse » ; qu’ils poursuivent : « interpellés par nous, ils ont évoqué comme raison de leur acte avoir reçu l’instruction du Président Cec de les ouvrir et d’en corriger les irrégularités constatées de peur que la Cour constitutionnelle n’en annule les résultats. Mais nos investigations sur place ont révélé qu’ils étaient plutôt en train de remplacer lesdites feuilles de dépouillement et des procès-verbaux par d’autres qui étaient préalablement remplies. Pour preuve, nous avons mis la main sur des lots de feuilles de dépouillement que nous avons confiées à notre huissier, maître Akadiri Nafiou, clerc de maître Honvo Constant, huissier de justice qui était sur les lieux, le soir du scandale pour des constations. » ; qu’ils concluent que « les résultats issus du scrutin de la commune de Ouèssè ont été tripatouillés dans leur entièreté » ;
Considérant que les requérants produisent à l’appui de leurs allégations les feuilles de dépouillement des votes dans les bureaux de vote n° 1 et 2 de la Maison des jeunes de Ouèssè, n°2 de Epp Ouèssè Centre A, n° 1 EPP Atata, n° 2 EPP Zogb. Gaou A et B de Ouèssè ; que ces documents ainsi que leur lettre de dénonciation ont été notifiés à Monsieur le Président de la Cena par exploit d’huissier le 17 mars 2011 ; que les faits relatés dans la lettre de dénonciation n’ont pas été constatés par l’huissier instrumentaire lui-même et ne sauraient donc être considérés comme une preuve suffisante de fraude électorale ; qu’en conséquence, leur requête doit être rejetée ;
Considérant que la Cena a déposé à la Cour trois urnes scellées provenant des départements du Mono et du Littoral ; que ces urnes proviennent directement l’une du bureau de vote Ceg Arrondissement d’Athiémé, Commune d’Athiémé, la seconde du bureau de vote n° 3 Marché public, Arrondissement d’Adjaha, Commune de Grand Popo et la troisième du centre de vote du douzième arrondissement de Cotonou ; que ces urnes contiendraient les documents électoraux non traités desdits bureaux de vote ;
Considérant que l’article 79 alinéas 1 et 2 de la Loi n° 2010-33 du 7 janvier 2011 portant règles générales pour les élections en République du Bénin dispose : « Le dépouillement suit immédiatement la clôture du scrutin. Il est conduit sans désemparer jusqu’à son achèvement complet.
Le dépouillement du scrutin est public. Il a lieu dans le bureau de vote » ; qu’il en résulte que les bulletins contenus dans ces trois urnes n’ayant pas fait l’objet d’un dépouillement immédiat, public et sur place doivent être déclarés nuls ;
Considérant qu’il a été observé lors des opérations électorales un retard dans l’ouverture de certains bureaux de vote, mais aussi la répercussion effective des heures de retard constatées sur l’heure de clôture du scrutin, le retard dans l’acheminement du matériel électoral dans certains bureaux de vote, l’insuffisance momentanée de bulletins de vote entraînant une perturbation du scrutin, la gestion difficile des nouveaux bureaux de vote crées suite à l’autorisation spéciale de vote accordée aux électeurs non détenteurs de cartes d’électeurs, mais de certificats d’enregistrement ou de fiches d’Identification de bureau de vote (Ibv) ; que ces difficultés et dysfonctionnements n’ont pas entaché le bon déroulement du scrutin
et ne sont pas de nature à compromettre la régularité, la sincérité, la fiabilité, la crédibilité et la transparence de l’élection présidentielle du 13 mars 2011
Considérant toutefois qu’il ressort de l’examen minutieux, bureau de vote par bureau de vote, des documents transmis à la Cour que, dans certains bureaux de vote, quelques irrégularités ont été relevées, notamment :
le défaut de signature des membres de bureau de vote sur la feuille de dépouillement et le procès-verbal de déroulement du scrutin,
l’absence de feuille de dépouillement et de procès-verbal de déroulement du scrutin,
le décompte fantaisiste de voix en excès sur les feuilles de dépouillement ; qu’il en est ainsi, entre autres, dans les départements :
. de l’Alibori, des bureaux de vote n° 1 du centre de vote Place Publique de BoÏffo à Malanville, n° 2 villa de Thuy, commune de Kandi, Gazielby commune de Malanville ;
. de l’Atacora, des bureaux de vote n° 2 du centre de vote Gando Baka Ceg, commune de Kérou, n° 3 du centre de vote Allaga, commune de Kérou, n° 1 Epp campement Porga, commune de Matéri ;
. de l’Atlantique, des bureaux de vote n° 8 Marché A, Godomey, commune d’Abomey-Calavi, N°3 Epp Tankpè, Godomey, commune d’Abomey-Calavi, n° 10 Epp Tankpe A et B, Godomey, commune d’Abomey-Calavi, n° 5 du centre de vote Ceg Pahou, commune de Ouidah ;
. du Borgou, des bureaux de vote N°1 Epp Akoudanon à Tchaourou, N°1 Epp Kassarou à Bembèrèkè, n° 1 du centre de vote Csp le Messie à Amawignon-Dokparou à Parakou, n03 du centre de vote Sabo Ceg Biro à Nikki, n° 2 du centre de vote Magasin Pedarou à Bembèrèkè, N°5 village de Tokobio, arrondissement de Sanson, Commune de Tchaourou, n° 1 du centre de vote Eglise Catholique, commune de Tchaourou, n°3 du centre de vote face mosquée, Commune de Kalalé, N°3 Epp Wansirou, Commune de Parakou ;
. du Couffo, du bureau de vote Gougouta 1 à Aplahoué ;
. des Collines, des bureaux de vote EPP Héritage à Dassa, centre de vote II Paouignan, n° 1 centre de vote de Ouémé Adougba, village Tchédjannagnon, n° 7 centre de vote Maison des jeunes a Ouesse, n° 2 centre de vote Issaléodo, village Adjougou a Kilibo ;
. du Littoral, des bureaux de vote n° 2 du centre de vote Epp Donaten à Cotonou, n° 2 CEG Sègbéya à Cotonou, n° 3 Epp Sikè-Sud à Cotonou, N°1 Epp Toffa, 12ème arrondissement de Cotonou, n° 7 Epp du Lac B, arrondissement de Cotonou 3, n° 3 Epp Jéricho, Cotonou ;
. du Mono, des bureaux de vote n° 4 Awame II commune d’Athiémé, n° 3 Epp Houédjamey ;
. de l’Ouémé, des bureaux de vote N°1 d’Ekpè à Sèmè Podji, n° 1 de Epp Gléhoué du centre de vote de Hêtin Gléhoué à Dangbo, n° 1 du centre de vote d’Allanzoume à Adjohoun, n02 EPP Copernic à Seme Podji, n° 3 du centre de vote Amo Loko Place publique commune d’ Akpro-Missérété ;
. du Plateau, des bureaux de vote n° 2 de Epp/B Tatonnoukon à Adja Ouèrè, n° 2 de Ganmi 2 à Ifangni, n° 2 du centre de vote Ceg Daagbé à Ifangni, n° 1 Oké Odo Commune d’Adja Ouere, n° 1 EPP Igadji, commune de Kétou ;
. du Zou, des bureaux de vote n° 1 du centre de vote Alahè, commune de Za Kpota, n° 2 Epp Gbeyizankon, commune d’Abomey, n° 3 centre de santé de Zouzonme, commune d’Abomey, n° 2 Kpokissa, commune de Zogbodomey, n° 3 EPP Agonvezoun, commune de Bohicon, n° 2 Epp Wogbeye, commune de Djidja ;
Considérantque toutes ces irrégularités ont été commises en méconnaissance et/ou en violation de la Constitution et des lois électorales dont les dispositions visent à assurer la régularité et la sincérité du scrutin ; que la Cour constitutionnelle, seule juge du contentieux en matière d’élection présidentielle, les a sanctionnées ;
Considérant qu’à la suite des redressements des bulletins de vote déclarés à tort nuls, des rectifications et annulations opérés, les résultats du premier tour du scrutin du 13 mars 2011 sont arrêtés ainsi qu’il suit :
Nombre d’électeurs inscrits relevés par la Cour : 3.668.558
Nombre de votants : 3.111.833
Suffrages exprimés : 2.972.445
Majorité absolue : 1.486. 223
Suffrages obtenus par :
1- Monsieur François Janvier Yahouédéou :---------------- 16.591
2- Monsieur Prudent Victor Topanou :-----------------------11.516
3- Monsieur Késsilé Tchala Sare :------------------------------ 9.469
4- Monsieur Christian Enock Lagnidé :---------------------- 19.221
5- Monsieur Sali fou Issa : --------------------------------------37.219
6- Monsieur Salomon Joseph Ahissou Biokou :-------------- 7.893
7- Monsieur Abdoulaye Bio Tchané :------------------------182.484
8- Monsieur Antoine Dayori : ------------------------------------8.426
9- Monsieur Adrien Houngbédji :--------------------------1.059.396
10- Monsieur Yayi Boni : ------------------------------------1.579.550
11- Monsieur Jean-Yves Sinzogan : ----------------------------13.561
12- Madame Akuavi Marie Elise Christiana Gbèdo :------- 12.017
13- Monsieur Cyr Kouagou M’Po :------------------------------- 9.285
14- Monsieur Joachim Dahissiho :------------------------------ 5.817
Considérant qu’aux termes de l’article 45 alinéa 1er de la Constitution : « Le Président de la République est élu à la majorité absolue des suffrages exprimés. Si celle-ci n’est pas obtenue au premier tour de scrutin, il est procédé, dans un délai de quinze jours, à un second tour. » ;
Considérant que Monsieur Yayi Boni ayant obtenu 1. 579. 550 voix a ainsi recueilli la majorité absolue des suffrages exprimés requise pour être proclamé élu ;
En conséquence,
Proclame :
Article 1er : Monsieur Yayi Boni est élu Président de la République.
Article 2 : La présente proclamation est provisoire et ne sera définitive qu’après la décision de la Haute Juridiction sur les contestations éventuelles des candidats à l’élection présidentielle du 13 mars 2011.
Article 3 : La présente proclamation sera notifiée à Messieurs François Janvier Yahouédéou, Prudent Victor Topanou, Késsilé Tchala Sare, Christian Enock Lagnidé, Salifou Issa, Salomon Joseph Ahissou Biokou , Abdoulaye Bio Tchané, Antoine Dayori, Adrien Houngbedji , Yayi Boni, Jean Yves Sinzogan, à Madame Akuavi Marie Elise Christiana Gbedo, à Messieurs Cyr Kouagou M’Po, Joachim Dahissiho, à la Commission électorale nationale autonome (Cena) et publiée au Journal officiel.
Ont siégé à Cotonou, le vingt mars deux mille onze,
CLASSEMENT SUIVANT L’ORDRE D’ARRIVEE DES CANDIDATS A L’ISSUE DU SCRUTIN PRESIDENTIEL DU DIMANCHE 13 MARS 2011 AU BENIN
1- Monsieur Yayi Boni : ------------------------------1.579.550
2- Monsieur Adrien Houngbédji :-------------------1.059.396
3- Monsieur Abdoulaye Bio Tchané :----------------182.484
4- Monsieur Salifou Issa : -------------------------------37.219
5- Monsieur Christian Enock Lagnidé :---------------- 19.221
6- Monsieur François Janvier Yahouédéou :--------- 16.591
7- Monsieur Jean-Yves Sinzogan : ---------------------13.561
8- Madame Akuavi Marie Elise Christiana Gbèdo : --12.017
9- Monsieur Prudent Victor Topanou :-----------------11.516
10- Monsieur Késsilé Tchala Sare :---------------------- 9.469
11- Monsieur Cyr Kouagou M’Po :----------------------- 9.285
12- Monsieur Antoine Dayori : ----------------------------8.426
13- Monsieur Salomon Joseph Ahissou Biokou :------ 7.893
14- Monsieur Joachim Dahissiho :------------------------ 5.817