lundi 3 septembre 2012

Bénin-Gouvernance

Yayi s’éloigne de son programme
SEM. Boni Yayi, président de la République du Bénin

Avec la situation économique actuelle du Bénin, et les options de réformes faites dans maints secteurs, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur le virage que prend le Bénin et sur la base de quel référentiel. Nous prenons ici l’initiative de questionner les grands traits du programme économique du candidat Boni Yayi afin de savoir si cette plate forme de bonnes intentions peut aujourd’hui être considérée comme le référentiel de l’action gouvernementale sur le plan économique.
Ralf Zinsou



A l’épreuve des faits, et depuis avril 2011, la marge est grande entre ce que le candidat Boni Yayi a promis aux électeurs sur le plan économique et ce qui relève aujourd’hui du lot quotidien des Béninois.

Affaire Icc et consorts
Sur le plan économique au Bénin, l’un des faits qui ont sérieusement perturbé les agents économiques au cours du dernier quinquennat du président Boni Yayi est l’affaire dite « Icc service et consorts ». A ce propos et à la veille de la présidentielle de 2011, le candidat Boni Yayi a promis s’impliquer personnellement, ce qui était déjà le cas, dans le processus de remboursement des spoliées. Ce fut un engagement solennel au grand meeting du candidat tenu au stade de l’amitié à Cotonou. Les électeurs, malgré le maigre résultat obtenu par le dispositif déjà mis en place par les soins du même candidat pour recouvrer lesdits fonds, ont cru que l’impossible était possible. Mais depuis plusieurs mois, beaucoup de communiqués et des débuts d’initiatives sans grand résultat. Peut-être que les jours à venir nous démentiraient. Vivement le démenti.

Faire du Bénin un véritable pôle de transport/logistique
Au point d’orgue du programme économique du candidat Boni Yayi, il y a la volonté clairement affichée, avec des actes déjà amorcés lors du premier quinquennat, de faire du Bénin un hub régional de services à valeur ajoutée. Pays de transit, avec un port qui venait de bénéficier d’importants investissements dans le cadre du premier compact du Millénium challenge accunt, le candidat Boni Yayi avait pris de sérieuses options pour faire du Bénin un véritable marché régional de biens et services. Une pate-forme de services logistiques d’exportation dans la perspective d’un centre régional de négoce et de services à valeur ajoutée était l’ambition clairement affichée par l’actuel président de la République. Aujourd’hui, ce rêve promis aux Béninois est loin de la réalité. En effet, après l’introduction, suivie immédiatement du retrait, du Programme de vérification des importations (Pvi) de nouvelle génération, le port de Cotonou, ayant vu ses capacités renforcées, se trouve dans une situation de ralentissement de trafic pendant que les autres ports de la sous-région connaissent un accroissement d’activités. Il y a quelques jours, une personnalité politique, évoquant la situation politique au Togo, indiquait qu’il souhaiterait que cette nouvelle donne de l’instabilité à Lomé relance les activités au Port de Cotonou. Il n’est pas cynique mais préoccupé par le sort de son pays. Car, annuellement et situation convenable, le port apporterait plus que le coton en termes de croissance économique au Bénin.
Pour faire du Bénin un véritable pôle de transport/logistique il importe de développer le réseau routier, ferroviaire et construire d’autres aéroports et ports qu’ils soient en eau profonde ou en terre ferme. Au cours du quinquennat en cours, à la différence du dernier, le rythme de construction des routes est réduit. Et même certains chantiers lancés à la veille de la présidentielle piétinent. Même la route la plus rentable, étant donné la position stratégique de Cotonou pour les pays de l’Hinterland, Cotonou-Malanville, souffre d’un état de dégradation avancée à plusieurs endroits. Des chantiers de port sec sont lancés et les Béninois en attendent beaucoup avec un goût d’inachevé lorsqu’ils pensent aux ports secs déjà inaugurés mais pas véritablement en service. Les travaux des aéroports de Tourou et de Glodjigbé lancés avancent au rythme de l’économie nationale. Quant au chemin de fer, statu-quo. Le réseau actuel est inférieur à celui laissé par le colonisateur et aucune lueur d’espoir en perspective.

Le coton en situation délicate
Alors qu’en 2011, le candidat Boni Yayi promettait, non seulement, de relancer la filière coton mais de développer d’autres filières à l’image de celle du coton, c’est la filière coton elle-même qui souffre d’improvisation doublée de remise en cause permanente aujourd’hui. Le ministre chargé de l’agriculture est très optimiste pour la campagne en cours et nous souhaitons qu’il ait raison pour ce que représente la filière coton pour l’économie béninoise. Selon les informations du ministère de l’agriculture, 50.000 tonnes de coton graine apporterait à l’économie béninoise 1% de taux de croissance.

Quartier numérique de l’Afrique ?
Avant la fin du premier quinquennat de Boni Yayi, le ministre chargé de la communication promettait aux Béninois de faire du Bénin le quartier numérique de l’Afrique. Une ambition louable reprise par le candidat Boni Yayi en 2011. Seulement, à l’épreuve des faits, sur le plan numérique, le Bénin a des leçons à recevoir des pays enclavés sans littoral où atterrissent souvent les terminaux des réseaux à fibres optiques. Il s’agit là d’un constat que font chaque jour tous les Béninois qui ont le privilège de se connecter à l’internet.

Le tourisme en panne
Le secteur touristique a un potentiel de croissance reconnu par l’actuel régime. Le candidat Boni Yayi y a mis un accent particulier en 2011. Inutile de mettre quoi que ce soit à l’actif du régime dans ce registre aujourd’hui en dehors du lancement d’un chantier routier dans le cadre du projet « Route des pêches ». Ceci est facilement compréhensible étant donné que les fondamentaux de l’économie sont en souffrance et qu’ici on prend le tourisme comme une activité économique secondaire.

Le pétrole
A plusieurs reprises, le candidat Boni Yayi a promis aux électeurs de faire en sorte que le Béninois goûte enfin aux délices miniers en mettant la recherche et l’exploitation du pétrole au centre de ses préoccupations. Dans ce domaine, en dehors de quelques investisseurs potentiels reçus par le chef de l’Etat qui promettent le pétrole pour bientôt, les Béninois devront attendre encore longtemps.
Au demeurant, les actes posés depuis le 2011 à la suite de l’élection présidentielle sur le plan économique ne sont pas encore à la hauteur des promesses du candidat Boni Yayi. Nous n’avons pas la prétention d’avoir été exhaustif. Mais il n’est pas contre productif d’espérer le meilleur en pensant aujourd’hui que l’heure est à la pause des balises en attendant le mieux, vivement attendu par les nombreux ménages qui subissent sérieusement la crise économique actuelle.

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