jeudi 7 février 2013

Bénin-Uemoa/Cemac

Cfa, une monnaie contrepoids…
Qui ne se souvient pas de la permanente guéguerre entre la Chine, à propos de sa monnaie (le yuan) qui serait sous-évaluée, et l’Occident, dont la France, les Etats-Unis en tête ?  Il s’agit là plutôt d’une affirmation. C’est pourquoi nous n’avons pas hésité à démarrer votre prestigieuse rubrique par une interrogation. Partant de cette réalité, on n’a pas besoin d’être un économiste de renom pour comprendre qu’en situation d’échange accru avec le reste du monde, avoir une monnaie trop forte est contre productif. Ainsi, à moins que cette donne s’impose du fait de la santé de l’économie considérée, sur le chemin du développement, aucun Etat dirigé par des personnes sensées ne souhaiterait disposer d’une monnaie forte ou surévaluée sans raison valable.
Connaissez-vous la monnaie dite « franc de la communauté financière africaine » (FCfa) ? Il s’agit d’une monnaie de « luxe » qui s’impose comme un mythe connue pour sa particularité qui se résume en une phrase : « il s’agit d’une aberration économique certes, mais qui s’y frotte s’y pique ». Nous avons choisi ici de nous y frotter, mais sans nous soucier du reste. Bon, enfin, que ceux que le débat gène nous pardonnent. Une chose est sûre, nous avons la certitude de satisfaire des personnes, volontairement anonymes,  qui nous remercierons à voix basse, tant mieux.
Savez-vous que le Vietnam est le deuxième exportateur du riz au monde ? Savez-vous que votre Cfa est plus fort que sa monnaie, le dong ? En fait, il faut environ 28.311 dongs pour avoir un euro. Supposant que vous admettez que l’Iran n’est pas n’importe quel pays c’est pourquoi il se permet une aventure nucléaire réservée au « grands », retenez que votre Cfa est plus fort que sa monnaie, le rial. Il en faut environ 16.685 pour disposer d’un euro. Nous pensons que c’est parce que l’Iraq a quelque chose économiquement dans le ventre que les vautours l’assaillent. Savez-vous qu’il faut 1.852 dinars, sa monnaie, pour avoir un euro ? La Corée du Sud est la 15ème puissance économique du monde avec de bonnes perspectives de croissance. Pourtant, pour avoir un euro, le coréen est obligé de sortir 1.475 wons. Pendant ce temps, un euro donne droit à 656 francs Cfa environ. C’est cela votre monnaie. On nous a appris en économie qu’au-delà de toutes autres considérations, la monnaie est le reflet de la santé économique de l’espace qui l’utilise. Avec les informations ci-dessus, avez-vous l’impression que votre Cfa respecte cette norme ? Il ne s’agit pas d’un sujet de dissertation. Répondons à l’américaine. Par simple observation, il est évident que votre Cfa est trop fort pour une économie chancelante, donc un contre poids pour le développement économique des pays qui l’utilisent. Qu’ils soient en Afrique de l’Ouest ou en Afrique centrale, les mêmes causent produisent ici les mêmes effets. L’ampleur du déficit de la balance des paiements des zones Uemoa (Union économique et monétaire ouest africaine) et Cemac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) trouvent sa justification dans cet état de fait. Plus encore, les opérateurs économiques desdites zones perdent d’énormes ressources sur leurs prix à l’occasion des transactions internationales. Et ceci continue de se faire dans un contexte de conjoncture favorable à l’Afrique avec un taux de croissance globale constamment au-dessus de 5% pendant que l’Europe est en crise économique et en perte de croissance.
Lorsque nous échangeons avec les cadres des banques centrales des zones Cfa, nous avons l’impression qu’il s’agit d’une malédiction de disposer de sa propre monnaie comme le Nigeria et le Ghana. Mais il ne s’agit pas pour nous de faire ici un débat dépassé sur le fait pour chaque pays d’avoir sa propre monnaie. Non, en maintenant ces unions monétaires, la question fondamentale est celle de savoir s’il n’est pas plus productif de créer des monnaies régionales sur de nouvelles bases, départies de toute relique coloniale. Il est insensé de craindre de pouvoir réussir une aventure monétaire régionale dans un monde où des pays comme le Ghana et la Gambie (un pays coincé dans le Sénégal) donnent du résultat en Afrique. Le mal est profond et sans être habitués à la chose économique et monétaire, faites juste un effort et vous comprendrez. Tenez par exemple. De 1945 à 1975 100% des réserves de change des zones Cfa étaient domicilié au trésor français. De 1975 à 2005 ce taux passe de 100% à 65% avant de descendre à 50% depuis 2005. Ceci dans un compte d’opération domicilié, si nos dernières informations sont exactes, rue Croix des Petits Champs, dans le 1er arrondissement de Paris. Il s’agit tout simplement d’une colonisation monétaire qui s’opère en douce. Nous ne vous apprenons rien en vous indiquant que les Cfa ne sont pas émis en Afrique, mais plutôt en France à Chamelière, près Clermont Ferrand et est garanti pas le trésor français. C’est aussi des emplois et de la valeur ajoutée. Garantit-on quelque chose qui n’en vaut pas la peine ? En économie, la gratuité est nuisible avons-nous appris. Ainsi se justifie notre titre : « Cfa, une monnaie contrepoids ». Nous n’avons pas la conviction d’avoir bien fait le job. Nous n’avons pas l’impression de vous avoir convaincus. Mais une chose s’impose, dans son état actuel, votre monnaie Cfa est tout sauf un instrument pouvoir faciliter le développement d’un espace économique qui l’adopte.
Aubin R. Towanou

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