Quand le sacré est source de danger
Les Béninois ont vu des « rois » qui marchent pour soutenir le régime au pouvoir ou d’une force politique donnée. Des sages et notables qui, mendiants presque, visitent le chef de l’Etat, généreux dit-on, au rythme de l’état de leur bourse… Il y a quelques années, si nous lisions une telle affirmation dans la presse, nous aurions pu dire qu’il s’agisse d’une manœuvre malveillante de la part d’un journaliste non initié qui s’amuse avec la chose sacrée. Oui, sacrés, les dignitaires, rois, sages et notables du Bénin l’étaient. Loin de nous l’intention de verser dans une généralisation facile. Non, jusqu’à demain, il y a des têtes couronnées qui respectent leur couronne. Ils le respectent et heureusement pour le règne du sacré. Que ceux-là pardonnent notre « impertinence » lorsque nous abordons un sujet aussi « grave » à notre sens. Ils comprendront que nous ne parlons pas d’eux étant entendu que les agissements que nous dénonçons ici ne font pas partie de leurs habitudes. Et s’ils ne l’avaient pas fait, nous les invitons à rappeler les leurs à l’ordre, dans un cadre formel, si celui-ci existait, afin qu’ils cessent de salir le milieu des souverains béninois, un milieu sacré à notre sens.
Il y a quelques mois, le mouvement « Chrétiens pour changer le monde a organisé à l’Institut universitaire du Bénin (Iub) à Cotonou une table ronde internationale sur le dialogue interreligieux. A cette occasion, le thème « Dialogue interreligieux : contribution des religieux à la construction de la paix » était au centre des préoccupations. Abordant le cas du Bénin, la collusion très perceptible entre le religieux et le politique sur fonds de mise à disposition de numéraires ainsi que l’influence trop étroite de l’une des entités sur l’autre et vis versa, a fait l’objet de grande préoccupation. Les participant à la table ronde étaient d’autant plus préoccupés qu’ils se souviennent du rôle que les entités religieuses ont eu à jouer par le passé dans la préservation de la paix au Bénin en général et sur le plan politique en particulier. Les participants à la table ronde ont apprécié la situation actuelle marquée par une accointance malheureuse entre d’une part les entités politiques et religieuses et d’autre part entre le milieu politique et les têtes couronnées d’autre part. Ils ont partagé le sentiment selon lequel à un moment donné, si ce n’était pas déjà le cas, la perte de crédibilité fera que ces entités sociales ne pourront plus jouer leur rôle de régulation sociale, notamment en ce qui concerne la construction et le maintien de la paix.
Des rois de différentes régions du Bénin, des religieux auparavant très respectés en train de marcher pour apporter leur soutien au gouvernement. Pire, des rois marchent pour remercier le chef de l’Etat pour avoir accepté de nommer certains de « leurs fils », Béninois comme eux, à des postes de responsabilité. Il est désormais fréquent au Bénin d’entendre qu’un dignitaire X réclame telle somme d’argent à une personnalité Y pour soutenir son dossier auprès du chef de l’Etat. De plus en plus, on apprend que les membres d’un groupe de têtes couronnées se disputent parce que ne s’entendant pas sur la clé de répartition d’une enveloppe que leur a offerte le chef de l’Etat à la suite d’une audience à eux accordée ou même dans le cadre d’une aide officielle devenue habituelle. Tout ceci nous aurait laissé indifférent si le seuil de l’intolérable n’était pas sur le point d’être franchi dans les agissements maladroits de la part desdites têtes couronnées et religieux, Bible en main, qui peuplent désormais le Bénin.
L’implication politique à outrance desdites têtes couronnées du Bénin risque de faire le lit à un embrassement sans issue des régions du pays. Un dignitaire, un sage, un notable, un religieux,…par définition est celui qui, dans la société, sait se mettre au dessus de la mêlée afin qu’en cas de conflit majeur il soit suffisamment crédible pour départager « ses fils » en discorde. Mais de moins en moins le Bénin dispose de têtes couronnées pouvant revendiquer cette crédibilité très utile pour la paix dans la société. Ainsi, au moyen de la politique et contre les intérêts de la politique, la société béninoise a délibérément choisi de sacrifier l’un de ses « médiateurs naturels » en cas de risque d’implosion sociale. Et dire que nous sommes dans un pays où la crédibilité de la justice, au sens démocratie moderne du terme, est sérieusement écornée.
A R T
Bénin-Commission électorale nationale autonome
Enfin les membres de la Cena connus
Robert Dossou, Pdt. de la Cour constitutionnelle, institution chargée de départager la société civile
A la suite du président de la République qui nommait, il y a quelques jours, le magistrat Joseph Gnonlonfoun pour siéger au sein de la Commission électorale nationale autonome (Cena), les députés à l’Assemblée nationale ont sacrifié au devoir. Le Parlement a désigné ses neuf représentants devant siéger à la commission ayant la lourde responsabilité de conduire les processus électoraux en vue.
Razaki Amouda, Honorat Adjovi, Jerôme Alladayè, Garba Yaya, Gérard Agbota,Christophe Kaki, Edouard Aho, Tchekessi Tagbaho, Nicolas Dangoga, sont les personnalités à qui le Parlement béninois a donné sa confiance pour organiser d’une part la présidentielle et d’autre part les législatives au cours du premier trimestre 2011. Ceux-ci viennent s’ajouter à Joseph Gnonlonfoun désigné par le président de la République. Ainsi, la liste des membres de la Cena devrait être au complet si le choix du représentant de la société civile n’était pas bloqué par des contradictions internes à cette entité de la République. En effet, à l’occasion du processus de désignation du représentant de la société civile à la Cena, deux camps s’opposent. D’un côté, il y a le regroupement des organisations de la société civile intervenant dans le domaine de la démocratie et de la bonne gouvernance qui a désigné un certain Jean Baptiste Hélias et de l’autre le Cadre de concertation de la société civile, cautionné par le gouvernement, qui porte son dévolu sur sieur Rigobert Tchatcha. Cette confusion pourrait retarder le processus électoral qui connaît déjà de sérieux retards. Toutefois, il faut souligner que cette situation ne retardera pas en principe la prestation de serment des membres de la Cena devant la Cour constitutionnelle donc, l’installation de l’institution et le démarrage de ses activités.
Liste des représentants du Parlement à la Cena
Noms des titulaires Noms des suppléants
1-Adjovi C. Honorat Gaétan A. 1- Djiman Idrissou
2- Garba Yaya 2- Djossa Théodore
3- Kaki Christophe 3- Koussé Koumba Noël
4- Tchékessi Tagbaho 4- Monsia Boni Christophe
5- Agbota Gérard 5- Godonou Barthélémy
6- Alladayé Jérôme 6- Faladé Babalola Hyppolyte
7- Aho Edouard 7- Abdoulaye Anassa
8- Amouda Issifou Rasack 8- Dèhoumon Paul
9- Dangoga Nicolas 9 Biaou Judicaël
Aubin R. Towanou
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