lundi 24 janvier 2011

Communication en Afrique

« Bénin, quartier numérique de l’Afrique…»

Désiré Adadja, le ministre béninois de la communication qui a rêvé trop grand

Le gouvernement du « changement » veut faire du Bénin le quartier numérique de l’Afrique. L’ambition, à l’époque bien mesurée disait-on, est noble. Les Béninois manquaient d’avoir un secteur d’excellence pour s’affirmer sur un continent en pleine croissance. A l’annonce de la nouvelle par le ministre chargé de la communication, spécialiste du secteur de par sa profession, nous étions séduit. Pas parce que nous y attendions un avantage particulier. Mais nous étions séduit parce que nous savions que celui qui faisait cette déclaration est un homme qui savait de quoi il parlait. Autrement dit, il ne s’agissait pas de propos de politicien mais d’un technicien qui a toujours fait savoir qu’il a fait ses preuves dans le domaine. Nous y avons cru. Quelle vilaine escroquerie, pardon, quelle vaste blague ! Quelques mois après la présentation d’un rapport ou tout simplement d’un document de projet dont la mise en œuvre devrait aboutir à la concrétisation du slogan « faire du Bénin le quartier numérique de l’Afrique », les Béninois sont là sans une connexion à haut débit lorsqu’ils finissent, après moult tentatives, par se connecter sur un réseau qui peut lâcher à tout moment.
Le Bénin, de tout temps, que ce soit avant ou pendant le régime du changement, est passé maître dans l’art de s’illustrer en victime des fournisseurs de matériels de communication. Sur une bonne dizaine de marchés signés au cours de ces dix dernières années pour doter le Bénin d’équipements de pointe en matière de télécommunication, la quasi-totalité a été couronnée par la livraison de matériels de mauvaise qualité. Nous ne souhaitons qu’être démenti. Un seul commentaire : Ou les techniciens béninois qui interviennent dans le processus de ces marchés sont tous corrompus ou ils sont tous des ignares dans le domaine de la télécommunication. Si vous allez à la chasse avec les chats, vous ne rentrerez, dans le meilleur des cas, qu’avec des souris. Permettez-nous de douter quelque peu.
Dire qu’on veut construire le « quartier numérique de l’Afrique » alors que le petit projet qui consiste à réaliser la boucle « Cotonou-Niamey-Ouagadougou-Lomé-Cotonou » par une liaison à fibre optique peine à se réaliser. On veut que le Bénin soit le quartier numérique de l’Afrique alors que rien n’est fait, en tout cas pas de manière à satisfaire la clientèle, pour que le peu d’internautes béninois dispose en permanence de connexion à haut débit pour accéder à l’Internet en temps voulu. Aujourd’hui, tous les habitués de la navigation sur Internet savent que pour se connecter il faut être courageux et patient. Et ceci, à quelque variante près, quelque soit le fournisseur d’accès. Même les derniers gadgets distribués par l’opérateur public pour faciliter l’accès à l’Internet donne lieu à un véritable cauchemar. La liste est longue pour montrer que le Bénin est loin d’amorcer le processus devant le conduire à la réalité d’un tel slogan.
Voyageant, nous avons vu les prouesses de certains pays africains dans le secteur de la télécommunication. L’exemple du Gabon est très illustratif. Pour rester dans notre sous région, prenons le cas du Sénégal. Au Sénégal, se connecter à l’Internet n’est plus un problème à résoudre. Le problème de l’internaute sénégalais au Sénégal, c’est plutôt comment en tirer le meilleur profit une fois connecté. Téléphoner dans ce même pays est un jeu. Puisque, à coût réduit, la communication est d’une qualité incomparable à ce sur quoi les Béninois veulent s’appuyer pour bâtir le « quartier numérique de l’Afrique ».
Ceci dit, nous ne voudrions pas nous illustrer en peintre du noir. Nous voudrions, malgré tout, croire à l’avenir. Peut être qu’il s’agit pour le moment de quelques difficultés de réglage. Mais là encore, c’est les mêmes spécialistes de télécommunication qui nous parlent de défaut de matériel. En tout cas, nous voudrions croire qu’au Bénin, l’autorité est déterminée à faire du Bénin le « quartier numérique de l’Afrique ». Nous n’aurons qu’à formuler des souhaits de courage et de chance dans ce cas.
Mais aujourd’hui, à l’heure du bilan du quinquennat de Boni Yayi, nous avons de bonnes raisons d’affirmer que le projet de l’actuel ministre de la communication a échoué. Car, plusieurs années après l’annonce, nous n’avons malheureusement pas en permanence une connexion à faible débit pour rêver d’un haut débit. Pourvu que ceux qui s’annoncent pour la prochaine présidentielle en prennent conscience…

Aubin R. Towanou

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