jeudi 11 octobre 2012

Bénin- budget 2013

Les grands axes de la loi de finances
(Revendications syndicales en sursis)
(Une Agence des grands travaux)
(Forum économique toujours sur table)
(Les mesures d’austérité reviennent)
(Dépenses de fonctionnement rationnées)
(1.044 milliards F Cfa)
(4,5% de prévision de croissance)
(26,7% aux investissements)
(11,7% à l’agriculture)
(44,1% aux secteurs sociaux)
(22% aux infrastructures)
Le gouvernement du Bénin vient de finaliser le projet de loi de finances exercice 2013. Ce budget, d’un montant total de 1.044 milliards de franc Cfa est en accroissement de 2,75% par rapport à 2012. En attendant son examen au Parlement, en vue de son adoption, nous livrons ici les grands axes des ambitions du régime Boni Yayi pour la République du Bénin en 2013.
Aubin R. Towanou
Etant données les contreperformances financières du Bénin en 2012, nous aurions souhaité un collectif budgétaire avant l’adoption du budget général de l’Etat gestion 2013. Mais puisqu’il faut avancer, le gouvernement du Bénin vient de prendre de nouvelles options pour conduire la destiné des Béninois qui vivent une situation économiquement délicate en ce dernier trimestre 2012. Nous aurions voulu publier un tableau récapitulatif relatif au budget, mais sans un environnement secret inutile entourant les documents publics, nous nous contentons ici des chiffres récoltés çà et là, notamment sur une émission télévisée qui recevait les deux ministres concernés sur la chaîne de télévision de l’Ortb.
1.044 milliards F Cfa pour 4,5% de croissance
Avec une ambition de 1.044 milliards de francs Cfa, le gouvernement du Bénin escompte atteindre un taux de croissance de 4,5% en 2013. Et pour en arriver là, l’Exécutif béninois ne s’est autorisé qu’un déficit de 248 milliards de francs Cfa, soit 3,4% du Produit intérieur brut (Pib). Un déficit en net régression par rapport à l’exercice finissant avec 3,6% du Pib, lui-même en régression par rapport à 2011, avec 4,1% du Pib. 4,5% comme prévision de taux de croissance dans les conditions actuelles est un exploit, étant données les contreperformances économiques de ces derniers mois. Mais le ministre de l’économie et des finances, Jonas Gbian, y croit fermement en comptant sur une récolte cotonnière attendue de 400 mille tonnes de coton graine dans le cadre de la campagne en cours. En plus de cette relative embellie cotonnière, le calibrage du budget 2013 prend en compte d’importants investissements dits productifs qui autorisent une projection de 4,5% de taux de croissance soutient le ministre de développement, de l’analyse économique et de la prospective, Marcel Alain de Souza.
D’importants investissements
Le budget 2013 prévoit une part importante aux investissements, soit 26,7%. Et pour doper véritablement l’économie, suivant les thèmes utilisés par les ministres sectoriels, 22% du budget seront consacrés aux infrastructures. Pour mieux coordonner ces lourds investissements, l’Exécutif béninois prévoit la création d’une « Agence des grands travaux ». Sur la liste des travaux envisagés, le nombre des réalisations au programme donne la preuve d’une ambition à la limite de l’audace. L’aéroport de Glo Djigbé qui sera réalisé en BOT (Built opérate and transfert), ne souffrira d’aucun soutien de la part du gouvernement. L’achèvement de l’aéroport de Tourou à Parakou est en bonne place. Des investissements sont prévus dans le secteur de l’énergie pour accroître les capacités énergétiques du Bénin. On évoque le barrage d’Adjalala. Les infrastructures routières bénéficient toujours d’une attention particulière de la part du gouvernement qui prévoit ouvrir plusieurs axes routiers reliant le Nord Bénin au Nigeria. L’objectif poursuivi ici est de booster les échanges entre les deux pays en vue d’améliorer les recettes douanières aux frontières avec le grand voisin de l’Est. Le démarrage des travaux de construction du Port en eau profonde de Sèmè-Kpodji est aussi à l’ordre du jour. Les rails ne sont pas oubliés. A cet effet, le Bénin veut prendre une part active dans le projet de construction de 2.900 Km de rails reliant le Bénin à la Côte d’Ivoire passant pas le Niger et le Burkina Faso.
Forum économique
Conscient du fait que le projet de budget exercice 2013 n’est pas suffisamment un budget favorable au secteur privé, l’organisation d’un forum économique reste à l’ordre du jour. Ainsi, le régime Boni Yayi entend réunir les producteurs de la richesse nationale au premier chef afin d’examiner avec eux les conditions à créer pour favoriser la prospérité de leurs affaires tout en garantissant les intérêts du trésor béninois, garant de l’intérêt général. Ce projet, évoqué pour une première fois par le chef de l’Etat le 1er août 2012 à l’occasion d’une interview, est donc toujours en préparation au grand bonheur des opérateurs économiques béninois. Ces derniers ayant de nombreux points de divergence avec l’Administration, notamment celle fiscale, qu’ils souhaitent bien soumettre à débat à cette occasion.
Encore des réformes
De nombreuses réformes sont envisagées dans le cadre de la loi de finances gestion 2013. La plus en vue est celle relative au secteur agricole où les réformes interviendront à plusieurs niveaux. Le retour de la gestion de la filière coton dans le girond de l’Etat avec l’introduction du zonage est la réforme la plus attendue étant donnée la relative performance de la campagne en cours. D’un autre côté, afin de mieux réorienter la mécanisation agricole, une « Agence de développement de la mécanisation est envisagée pour se substituer au Programme plurisectoriel de mécanisation agricole (Ppma). Au niveau des vallées du Bénin, un projet sera initié pour capitaliser et réformer toutes les initiatives de valorisation des vallées en cours actuellement. Au Total, le secteur agricole recevra 11,7% du budget total, soit un taux supérieur à 10%, engagement pris par le Bénin vis-à-vis de la communauté internationale. Par ailleurs, la réforme foncière préoccupe le gouvernement dans le cadre du projet de budget exercice 2013. Ainsi, le projet de Code foncier sur la table du Parlement verra le processus de son adoption s’accélérer. Les deux nouveaux quais à containers construits dans le cadre du financement de Mca seront mis en service. Aussi, la réforme relative au Programme de vérification des investissements de nouvelle génération sera ressuscitée en 2013.  

Secteurs sociaux mais sans philanthropie
Le gouvernement, dans le cadre du budget 2013 a pris l’option de faire du social dans un contexte bien encadré. Les ménages peuvent se réjouir d’acheter en 2013 le gaz domestique à prix réduit. L’Etat s’abstiendra d’y prélever de la taxe sur la valeur ajoutée (Tva). Même mesure pour ce qui concerne les loyers dans le cadre des habitations. L’achat des casques pour se protéger sur les axes routiers béninois encore très fréquentés par les motocyclistes sera exonéré de Tva. Le régime d’assurance maladie universelle, lancé en 2012 sera une réalité tangible en 2013 avec un soutien financier efficient de la part du gouvernement. Aussi, les secteurs sociaux (éducation, santé,…), où les agents de l’Etat sont plus nombreux, bénéficieront de 44,1% du budget. Il s’agit de prendre de bonnes options sur le chemin de l’atteinte des objectifs du millénaire pour le développement (Omd). Cependant, cet effort budgétaire accordera une place de choix aux investissements accélérateurs de croissance économique au niveau de ces secteurs. Avec l’accroissement substantiel d’efforts en faveur du social, le gouvernement s’impose de tenir grand compte des engagements de l’Etat béninois dans toute amélioration du revenu salarial des fonctionnaires.
L’austérité au rendez-vous
En plus du fait qu’on peut quasiment soupçonner que le gouvernement est dans une logique de refus de la prise en compte des revendications syndicales qui entraîneraient une hausse de la masse salariale, d’autres surprises attendent les agents de l’Etat. A partir du budget 2013, le trésor public ne prendra plus en charge, hors budget sectoriel, les dépenses de consommation d’eau, d’électricité et de téléphone des administrations publiques, notamment celles des ministères. Ainsi des options claires sont prises pour baisser sensiblement les dépenses de fonctionnement de l’Administration publique. Une mesure à laquelle le chef de l’Etat attachera du prix, a indiqué les ministres qui défendaient le projet de budget lors de l’interview qu’ils accordaient à la chaine de télévision de l’Ortb le samedi dernier. Les mesures d’austérité prendront aussi en compte la politique de l’Etat en matière de dotation de véhicule administratif. Ici, si les options ne sont pas précises, il faut retenir qu’il ne sera pas exclu qu’en 2013, des cadres ayant droit constatent la non disponibilité des véhicules mais la mise à disposition de dotation en carburant. Il leur sera recommandé d’acquérir eux-mêmes leur moyen roulant. En somme un budget d’austérité qui prend quand-même des options efficientes pour doper la croissance.

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