LA SECURITE N'EST PAS REVENUE A ABIDJAN
Au lendemain de l'arrestation, le 11 avril, du président ivoirien sortant Laurent Gbagbo et de plusieurs de ses proches, la vie n'a pas encore repris son cours à Abidjan. Il y a certes eu des manifestations de joie dans des quartiers majoritairement favorables à son successeur Alassane Ouattara. Mais des incidents armés sont encore signalés, notamment dans le quartier de Yopougon, et les habitants hésitent encore à sortir de chez eux.
La situation diffère selon les quartiers puisqu'à Abobo dans le nord-est, le QG de la résistance à Laurent Gbagbo, on assiste à un retour à la normale. Les gens ont même dansé et chanté dans la rue, a confié un témoin à RFI.
Mais dans de nombreux quartiers d'Abidjan, les habitants sont sur leur garde. Beaucoup ont profité de la relative acalmie, pour sortir et gagner un quartier plus sûr, a remarqué un coordinateur de l'ONU.
Laurent Gbagbo lors d'une déclaration diffusée, après son arrestation hier a souhaité que « le pays reprenne, et que l'on arrête les armes », mais ces armes parlent encore. Des tirs sporadiques ont été entendus ce mardi matin dans le quartier de Yopougon, où des combats de rue ont été signalés, mais aussi à Cocody, l'épicentre des combats de ces derniers jours. Ce quartier abrite la résidence présidentielle.
Dans la matinée, on entendait aussi des tirs sporadiques dans le quartier central quasi-désert du Plateau. « Il n'y a pas de voitures, quelques rares piétons, on préfère attendre de voir comment les choses vont évoluer avant de s'aventurer dehors. Rien est encore sûr», a confié un témoin à RFI.
Laurent Gbagbo et son entourage détenus au Golf Hôtel
Concernant Laurent Gbagbo et son entourage, de manière avérée, l'ancien président, son épouse Simone, son fils d'un premier mariage, Michel, Patrice Bahy, l'un de ses gardes du corps, Geneviève Bro Grébé, la dirigeante des femmes patriotes, sont parmi d'autres, à l'hôtel du Golf où ils sont sous la garde de l'Onuci.
Une source militaire au sein des FRCI d'Alassane Ouattara, fait état d'une soixantaine de détenus au total, cette même source affirme que les FRCI, contrôlent le palais présidentiel et sont en pourparlers avec des combattants pour les convaincre de rendre leurs armes. On ignore où se trouve Charles Blé Goudé le ministre de la jeunesse du président sortant et leader des jeunes patriotes, soutien des plus fidèles de Laurent Gbagbo.
L'ancien ministre de l'Intérieur et secrétaire général de la présidence de Laurent Gbagbo, Désiré Tagro, a été blessé par balle lors de l'opération qui a abouti à la capture du président sortant.
Polémique sur les conditions de l'arrestation de Laurent Gbagbo
Une polémique a éclaté aussitôt après l'arrestation de Laurent Gbagbo sur le rôle joué par l'armée française. Pour l'un des porte-parole du chef de l'Etat déchu, Alain Toussaint, c'est la France qui a mené l'opération avant de remettre Laurent Gbagbo aux Forces républicaines d'Alassane Ouattara. Pascal Affi N'Guessan, président du parti de Laurent Gbagbo, le FPI (Front Populaire Ivoirien), a évoqué un coup de force orchestré par la France.
La Côte d'Ivoire partagée entre allégresse et inquiétude
Des combattants pro-Ouattara déplient un drapeau ivoirien dans une rue d'Abidjan, le 11 avril 2011 en fin de journée.
REUTERS/Emmanuel BraunPar RFI
Laurent Gbagbo et son épouse Simone ont passé la nuit à l'Hôtel du Golf sous la protection des casques bleus de l'Onuci. Abidjan a semble-t-il accueilli la nouvelle de la capture de Laurent Gbagbo de façon partagée, entre joie et crainte. Dès hier soir, Alassane Ouattara s'est adressé aux Ivoiriens. Dans une brève allocution télévisée, il a appelé ses compatriotes à s'abstenir de tout acte de représailles et de violences.
Réactions d'habitants des quartiers Nord d'Abidjan
Les fils et filles de ce pays ont besoin de réconciliation. Dans le quartier d’Adjamé, par exemple, les rues toujours bloquées par de nombreux barrages et envahies par les ordures étaient quasiment vides lundi 11 avril en fin de journée, comme si la foule avait toujours peur de sortir.
Il y avait là simplement quelques habitants ou des combattants pro-Ouattara qui faisaient entendre leur joie. « C’est fini, il est parti ! », s’est exclamé un combattant. « C’est la liberté totale », estimait un homme installé avec des amis.
A Adjamé, des éléments des Forces républicaines ont lancé du toit d’une maison un très grand drapeau ivoirien que les jeunes ont fait circuler dans la rue, complètement déployé, en signe de victoire.
Joie mesurée à Treichville
Témoignage d'un jeune patriote
Un sentiment de dégoût et de dédain vis-à-vis de la France
Un habitant de Treichville joint par téléphone dit que dans son quartier, la joie a été mesurée et que lui-même n’a pas particulièrement fêté la capture « Il y a eu trop de morts, explique-t-il, je me dis qu’on aurait pu éviter toute cette histoire si Gbagbo avait accepté le verdict des urnes ».
Dans le quartier d’Abobo, en revanche, ou dans certaines parties de Koumassi, on a pu assister à de véritables manifestations de liesse. Selon un témoin à Abobo, il y a eu des cris de joie, les Forces républicaines ont tiré en l’air, et certains habitants ont dansé jusque dans la soirée.
L'appel d'Alpha Blondy aux Ivoiriens
Alassane Ouattara ne pourra pas bâtir cette Côte d'Ivoire tout seul, ce sera l'œuvre de tous les Ivoiriens
Manifestation pro-Gbagbo à Paris sur les Champs-Elysées
Plus de 400 pro-Gbagbo ont manifesté lundi 11 avril 2011 au soir sur la prestigieuse et symbolique avenue des Champs-Elysées à Paris. La manifestation a ensuite dégénéré en échauffourées avec la police pendant lesquelles sept policiers ont été blessés et neuf personnes interpellées.
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